Mark Pegg

Mark Pegg
Résidents Labex RFIEA+
pas Eurias

dates de séjour

15/02/2017 - 17/07/2017

discipline

Histoire moderne

Fonction d’origine

Professeur

Institution d’origine

Washington University, Saint-Louis (États-Unis)

pays d'origine

États-Unis

projet de recherche

Une nouvelle histoire de l'hérésie médiévale

Ce projet a pour objectif la recherche et l’écriture d’une histoire de l’hérésie de 100 à 1600, centrée sur le christianisme latin. Étant donné que l’hérésie était (et est toujours) une caractéristique spécifique aux cultures monothéistes, ce projet étudiera également les hérésies émergeant dans le judaïsme à partir du premier siècle et dans l’islam à partir du 7e siècle. La place changeante et en évolution de l’hérétique fut cruciale pour définir ce qu’être chrétien, juif ou musulman signifiait dans le monde médiéval. Ce projet argumente que les hérétiques, loin d’être en marge des rythmes religieux pendant quinze siècles, étaient au cœur même de ce qu’être chrétien, juif ou musulman signifiait. L’originalité scientifique du projet s’articule autour de ma recherche démontrant que le catharisme, l’hérésie la plus célèbre du Moyen-âge, n’a jamais existé – ou plutôt, que le catharisme n’existe que comme un paradigme révolutionnaire historique et religieux inventé à la fin du dix‐neuvième siècle par de brillants érudits (au départ principalement allemands, puis français, italiens, américains et britanniques) alors qu’ils remodelaient l’histoire et la religion en sciences modernes. Le catharisme est un objet fabriqué à la fin du siècle, sans ressemblance avec la réalité médiévale, conçu (jusqu’à son nom même) à mesure que les modèles historiques et religieux le délimitant étaient découverts, fabriqué avec ingéniosité comme une discrète religion mondiale aux racines eurasiennes. Le catharisme a fonctionné comme agent provocateur oriental dans l’histoire occidentale, initiant (presque toutes) les hérésies du Moyen‐âge, incitant l’Église à réformer et réprimer, et finalement inspirant (particulièrement aux érudits protestants) une vision plus progressiste, comparatiste et scientifique de ce qui constitue une religion, dans le passé et le présent. Le paradigme du catharisme exemplifie le modernisme historique et religieux. Au dix‐neuvième siècle le judaïsme et l’islam étaient fréquemment comparés à et définis par leurs similarités et différences supposées au catharisme. Argumenter que le catharisme n’a jamais existé requiert d’enquêter sur les fondements très scientifiques des disciplines de l’histoire et de la religion telles qu’elles étaient établies autour de 1870. Un aspect crucial de ce projet est l’analyse de ce qui constitue une science et de comment cela a changé au cours du siècle dernier. De même, ce projet est une étude de la violence religieuse, en particulier la persécution et le fait de tuer des hommes, femmes et enfants accusés d’hérésie. Pour finir, si l’hérésie la plus connue du Moyen‐âge n’a jamais existé, alors une nouvelle histoire du christianisme médiévale doit être écrite.

biographie

Mark Pegg (PhD, Princeton University) est professeur d’histoire à l’Université de Washington. Il est l’auteur de trois livres : The Corruption of Angels: The Great Inquisition of 1245‐1246 (Princeton, 2001), A Most Holy War: The Albigensian Crusade and the Battle for Christendom (Oxford, 2008), et Beatrice’s Last Smile: A History of the Medieval World (Oxford, à paraître en 2017). Entre 2005 et 2010, il a bénéficié d’une bourse Andrew W. Mellon New Directions Fellowship pour pouvoir étudier l’histoire arabe et islamique et la violence religieuse au MoyenÂge. Il publie des articles académiques et grand public sur le monde médiéval en général et plus spécifiquement sur l’hérésie, la religion, l’historiographie et les croisades, allant de «Le corps et l’autorité: la lèpre de Baudouin IV » Annales ESC, 45 (1990) à « La croisade: une affaire très politique », L’Histoire, 430 (décembre, 2016).