Lindsey Dodd
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SE SOUVENIR D’ENFANCES PENDANT LA GUERRE, FRANCE 1939-1945 : UNE ANALYSE HISTORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE DES EXPÉRIENCES DES ENFANTS FRANÇAIS PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Le projet – d’écrire un livre – est soutenu par deux questions de recherche d’une simplicité trompeuse:
1) Etre un enfant en France pendant la guerre : c’était comment ? Il faut ici prendre en compte la diversité des expériences vécues. Si l’âge d’un enfant est important, il n’est pas, dans cet ouvrage, un critère réducteur. Les enfants à la campagne, en ville, séparés de leur famille ou avec leur famille, aisés, pauvres, persécutés, chassés, orphelins, bombardés – mais aussi les enfants qui jouent, qui travaillent, qui mangent, pensent, sentent : le livre a pour but de refléter cette multiplicité. Ses chapitres se croisent, construisant chacun des ponts entre les thèmes et les méthodes des uns et des autres, afin d’encourager des synergies et dissonances analytiques. Ces points d’articulation créent une narration non-linéaire qui revient constamment sur elle-même, réfléchissant et réfractant les questions de recherche.
2) Comment les historiens peuvent-ils parvenir aux expériences enfantines passées, de l’intérieur ? Ici, Dodd utilise un corpus hétérogène de 200 histoires orales enregistrées, qui comporte des obstacles méthodologiques. Son projet contribue donc à la recherche sur la réutilisation de l’histoire orale archivée. L’histoire orale déplace la base épistémologique de toute étude parce qu’elle nous amène à nous demander comment on sait ce qu’on sait, et ce qu’il est possible de savoir. Le recul qu’elle implique permet à l’interviewé de contribuer à l’interprétation et à l’analyse de ses souvenirs, ce qui démocratise et revigore le processus historique, et ouvre à une réflexion sur les croisements entre la mémoire collective et les souvenirs des individus. L’histoire orale cherche à mettre au défi le pouvoir, à offrir des discours alternatifs et à rétablir la nature polyphonique des narrations de vie.
Une partie importante de la recherche menée sur ces thèmes repose sur des orthodoxies en matière d’études de la mémoire : Maurice Halbwachs, Pierre Nora, Paul Ricoeur, Henry Rousso. Ces cadres fondés sur la sociologie se focalisent sur la structure, les institutions et la transmission. La position de Dodd est novatrice en cela qu’elle commence avec l’individu, et non le collectif.
biographie
Lindsey Dodd est professeure d’histoire moderne européenne à l’Université de Huddersfield, au Royaume-Uni. Elle a obtenu une Licence en « History with French & European Studies » et un Master en « Life History Research: Oral History & Mass Observation » à l’Université de Sussex (1996-2001). Elle a ensuite travaillé dans des musées, aux archives, dans le milieu de l’édition et dans celui de l’enseignement. Elle a soutenu son doctorat à l’Université de Reading en 2011, dont est issu son premier livre publié en 2016 : French Children under the Allied Bombs, France 1940-1944 (Manchester University Press, 2016). Elle a bénéficié d’un financement du Arts and Humanities Research Council (AHRC) dans le cadre du projet de recherche collaboratif « Agents of Future Promise: the ideological use of children in culture and politics (Britain and France, c.1880-c.1950 »(2014-2015) puis dans le cadre (2016-2018) d’un projet collaboratif franco-britannique (AHRC Care for the Future/Labex Passés dans le présent) « Histoires perturbées, passés retrouvés : analyse et synthèse croisée d’histoires orales et d’histoire dans des contextes post-conflit et postcoloniaux ». Elle fait partie du comité éditorial du journal Oral History depuis 2015. Un livre sous sa codirection vient de paraitre, qui rassemble de nouvelles études sur la vie quotidienne en France pendant la guerre - Vichy France and Everyday Life: Confronting the Challenges of Wartime (Bloomsbury, 2018).