Mon livre montrera comment la musique a contribué à former les attitudes des Français envers la notion de race et à légitimer les processus coloniaux. Il présente une relation dialectique entre la préoccupation française pour l’identité nationale en France même et les réalités de la vie outremer. Les deux premières parties analysent la manière dont la musique, les instruments et les concerts ont contribué à faire prendre conscience aux Français de leurs positions sur la race et la nation, qu’il s’agisse de promouvoir des différences régionales ou l’unité nationale, des alliances étrangères ou des distinctions raciales. La troisième partie montre que la vie musicale à Alger, Hanoi et Saigon-avec leurs écoles, leurs missions, leurs jardins publics, leurs théâtres et le répertoire joué dans leurs concerts-a contribué à assurer une cohésion entre occidentaux, mais aussi qu’elle a remis en question le processus d’assimilation en renforçant une distinction entre colonisateurs et colonisés. La culture musicale a ainsi alimenté l’impérialisme républicain tout en manifestant ses contradictions, question dont la pertinence va bien au-delà de l’empire français.