Alessio Petrizzo
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Tatouage, cultures savantes, cultures populaires (Europe, XIXème-XXème siècles)
Bien que le tatouage constitue une pratique culturelle de modification corporelle d’une longévité et d’une diffusion extraordinaires, seules des analyses qui ancrent sa signification et son évolution à travers le temps et les contextes dans la réalité des échanges sociaux entre des typologies spécifiques d’acteurs historiques et d’observateurs peuvent faire émerger toute la potentialité de cette source – la peau décorée ainsi que les différentes modalités pour l’enregistrer et l’archiver, pour la reproduire et la représenter, pour la décrire et l’interpréter, pour l’utiliser et l’exposer – pour décrire les horizons sociaux, culturels et politiques de sociétés complexes. Cependant, en ce qui concerne l’Europe à l’époque contemporaine, les études historiques consacrées au tatouage sont encore rares, notamment pour le XIXe siècle, où elles se concentrent sur la reconstruction du regard des disciplines qui se sont penchées sur la diffusion de cette pratique parmi les couches populaires – en premier lieu, la médecine légale et les sciences du crime – et sur les finalités institutionnelles d’identification auxquelles ces études contribuent. Partant, les milliers de descriptions verbales et de reproductions graphiques et photographiques réalisées dans ce domaine par des médecins, des criminalistes, des policiers, des journaux, etc... entre la seconde moitié du XIXe siècle et les années 1930 – un patrimoine d’informations exceptionnel, inconnu jusqu’alors, sur les imaginaires visuels de différents segments des couches populaires et marginales européennes, assez puissants pour être inscrits de manière indélébile sur la peau – sont encore loin d’être interrogés dans toute leur potentialité et, en particulier, comme un pont vers les imaginaires de ceux qui portaient sur le corps les devises, images et symboles recensés et enregistrés par les chercheurs de l’époque au sein d’autres cadres analytiques. A l’inverse, enquêter sur le tatouage comme l’une des formes d’expression qui permet d’accéder aux cultures populaires européennes entre le XIXe et le XXe siècle est précisément ce que ma recherche envisage de faire. A cet égard, il sera nécessaire de rapprocher les interrogations et les méthodologies de l’histoire intellectuelle, culturelle et sociale à celles de l’anthropologie historique et de l’analyse iconologique. Une recherche ainsi menée permettra d’interpréter ces écritures sur la peau, leur généalogie visuelle, leurs contenus et leurs significations tant comme miroir du maintien, des évolutions et des ancrages sociaux d’imaginaires de longue durée (le patrimoine folklorique) que comme reflet extrêmement réactif des transformations en cours au XIXe siècle dans les lieux et dans les codes de la médiation culturelle : médiatisation, spectacularisation, people-isation, circulation de clichés visuels à une échelle largement transnationale.
biographie
Alessio Petrizzo, historien, est post‐doctorant auprès du Centre inter-universitaire d’histoire culturelle de l’Université de Padoue. Il a obtenu son MA (Laurea) à l’Université de Pise et son PhD (époques moderne et contemporaine) à l’Université de Florence. Il a travaillé ensuite à Padoue et, dans le cadre du programme « Swiss Government Excellence Scholarship », à l’Université de Lausanne, où il est chercheur associé à l’Institut d’histoire de la médecine et de la santé publique. Ses intérêts de recherche portent notamment sur les processus de politisation dans l’Europe du XIXe siècle, à travers une approche inspirée de l’anthropologie historique, des études visuelles et de culture matérielle, ainsi que de l’histoire du corps.