Patricia Mindus

Le droit des migrations régit les changements dans la situation juridique ou le statut d'une personne vis-à-vis d'un ou de plusieurs États ou communautés politiques, et couvre le droit de rester dans un pays, d'être protégé contre l'expulsion, d'être réuni avec les membres de sa famille, pour ne citer que quelques-unes des nombreuses situations juridiques qui déterminent le statut d'une personne en matière de migration. D'autres éléments juridiques concernent la vie professionnelle de l'individu et sa vie socio-économique en général.

Le concept de statut en droit est un concept dont nous pouvons donner une explication empirique, même s'il n'est pas lui-même un concept empirique. Les philosophes disent que nous exerçons notre pouvoir déontique en créant différentes formes de statuts par le biais de règles instituantes. En effet, les statuts juridiques concernent ce que les philosophes appellent souvent aujourd'hui des faits institutionnels, où une fonction est attribuée à quelque chose qui n'a pas cette fonction en vertu de ses propriétés empiriques.

Ce projet s'appuie sur ces deux idées pour remettre en question les idées reçues concernant la nature de la migration, les fondements épistémiques des hypothèses relatives aux notions centrales du droit de la migration telles que la résidence, le séjour, l'hébergement, le domicile, etc. Le projet explore la distinction entre le mouvement des corps dans l'espace et les faits institutionnels régissant les statuts liés à la migration afin de donner un nouvel éclairage sur la manière dont le droit constitue le statut d'une personne en tant que migrant. L'objectif est d'offrir un nouveau regard sur la théorie de la migration avec une certaine pertinence pour le droit et la politique.