Michèle Oriol

Michèle Oriol
pas labex
pas Eurias

dates de séjour

01/10/2019 - 30/06/2020

discipline

Sociologie

Fonction d’origine

Secrétaire exécutif

Institution d’origine

Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (Haïti)

pays d'origine

Haïti

projet de recherche

La dévolution du pouvoir politique en Haïti : pesanteurs historiques et anthropologiques

L’histoire d’Haïti est comme un tissage dont seul le fil de trame est visible. Au-delà de l’événementiel qui hier comme aujourd’hui accapare l’attention, il est rafraichissant d’essayer de retrouver dans les méandres de la parenté le fil de chaîne, qui offre une autre lecture à l’observateur attentif.

La difficulté pour les hommes d’État à établir la légitimité de leur pouvoir une fois sortis des logiques hiérarchiques militaires, c’est-à-dire dès 1843, est patente. La recherche dynastique sous-tend alors la désignation des chefs d’État jusqu’à l’instauration du suffrage universel en 1950. Paradoxalement, le modèle de chef absolu qui se met en place est venu de la Révolution française avec les commissaires civils (les représentants en mission) notamment Sonthonax, à l’opposé de l’équilibre des pouvoirs coloniaux entre le chef militaire (le gouverneur) et le chef civil (l’intendant).

Une classe politique se constitue avec le temps, ainsi que la création de formes d’exclusion qui limitent la compétition. La classe politique, comme les « serials killers » a ses modes opératoires. Des idéologies implicites ou explicites justifient la prise et le contrôle du pouvoir : royalistes et républicains, nationaux et libéraux au XIXe siècle, noiristes et communistes au XXe siècle… Partout la question de couleur est omniprésente. Un XXIe siècle coupé de l’histoire voit une classe politique sans état d’âme cacher ses objectifs derrière le langage à prétention universelle : dictature ou démocratie.

Peut-être que l’esclavage et la révolution, en offrant un détour par l’anthropologie, peuvent apporter des réponses à l’incapacité de la classe politique à créer quelque forme de légitimité.

biographie

Michèle Oriol, née en 1956 à Port-au-Prince, Haïti, est docteur en sociologie de l’Université Paris VII-Jussieu. Licenciée de la Faculté d’Ethnologie de l’UEH, elle a soutenu en 1992 à Paris VII-Jussieu, sa thèse sur les systèmes de production et les structures foncières du Sud d’Haïti.

Elle est secrétaire exécutif du Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (CIAT) depuis Novembre 2011.

Consultante indépendante auprès de diverses institutions nationales et internationales, elle a travaillé sur divers sujets : collectivités territoriales et décentralisation, économie régionale, aménagement du territoire, tenure foncière, systèmes agraires, formation professionnelle, etc. Elle a participé à la conception et au suivi/évaluation de nombreux projets de développement rural et de protection de l’environnement.

Elle a également enseigné, tant à l’Université Quisqueya qu’à l’Université d’État d’Haïti où elle a dirigé le programme de maitrise en histoire, mémoire et patrimoine/criminologie.

Membre fondateur de la Fondation pour la Recherche Iconographique, elle a réalisé, en collaboration avec Patrick Vilaire, plusieurs expositions et publications pédagogiques autour de l’histoire d’Haïti : Images d’Española et de Saint Domingue (1979), Images d’Haïti au XIXe siècle (1981), Images de la Révolution à Saint-Domingue (1989), Chef d’État en Haïti : gloire et misères (2005) et un manuel d’histoire et d’éducation civique (2001). Elle a publié en 2002 Histoire et Dictionnaire de la Révolution et de l’Indépendance d’Haïti.

Elle a reçu en juillet 2009 l’Ordre du mérite agricole du Ministère français de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et a été faite chevalier de la Légion d’Honneur en décembre 2018.