Martin Nejedly

Martin Nejedly
pas labex
pas Eurias

dates de séjour

01/02/2010 - 31/07/2010

discipline

Histoire médiévale

Fonction d’origine

Professeur

Institution d’origine

Université Charles de Prague (République Tchèque)

pays d'origine

République tchèque

projet de recherche

Le premier projet de l'union des Etats européens du XVe siècle et ses sources tchèques

Dans mes travaux de recherches, je me consacre au projet d’union des États européens conçu par le roi hussite Georges de Poděbrady et son conseiller français, Antonio Marini de Grenoble. Datant des années 1460, ce projet prend place dans le contexte qui succède aux quinze années de guerres hussites (1419-1434) qui transformèrent profondément le royaume de Bohême. Pour maintenir la tolérance religieuse dans son pays, le roi Georges de Poděbrady et son conseiller Antonio Marini préparèrent un vaste plan de constitution européenne. Leurs propositions étaient incorporées dans un document que l’on peut considérer comme une Charte d’organisation générale de la paix. Cet acte proposait un projet de traité international, ouvert à tous les États. Du point de vue juridique, le nouveau document présentait un canevas de traités multilatéraux qui présume l’instauration d’une union générale des souverains chrétiens afin de s’occuper en commun du maintien de la paix ainsi que de la défense commune contre les Turcs. Je voudrais envisager le projet du roi Georges dans une perspective comparative et faire ressortir ses spécificités par rapports aux autres projets de paix et d’union de l’époque médiévale et moderne. Ces recherches s’inscrivent dans un projet de plus longue haleine portant sur les relations franco-tchèques au Moyen Âge, et sur la manière dont les uns et les autres s’appréhendaient. Selon le dessein de Georges de Poděbrady, la France et son roi devaient avoir un rôle prépondérant dans cette nouvelle organisation. En mai 1464, une ambassade munie des pleins pouvoirs accordés par trois souverains européens (le roi de Hongrie Matthias, le roi de Pologne Casimir et le roi de Bohême Georges de Poděbrady) quittait Prague. Elle avait pour but de demander au roi de France Louis XI de convoquer une assemblée générale des princes européens, qui devait justement avoir pour tâche de débattre du projet de paix du roi hussite. On a conservé une source unique de toutes ces démarches visant à concrétiser le projet du roi Georges : le journal de l’écuyer Jaroslav écrit en vieux-tchèque, qui relate le parcours de l’ambassade tchèque, depuis la Bohême jusqu’à la France, ainsi que les négociations à la cour du roi Louis XI. En collaboration avec une jeune chercheuse française, j’ai réalisé une première version de la traduction de cette source jusque là inédite en France, qui devrait paraître à la fin de l’année 2010 dans l’Annuaire-bulletin de la société de l’histoire de France. Il me faut encore rédiger une préface longue et détaillée, replaçant cette source dans le contexte de l’époque et expliquant les circonstances de sa rédaction ainsi que son importance diplomatique. Pour mener à bien le travail sur cette préface, j’aurais besoin de travailler systématiquement dans une grande bibliothèque en France et de consulter les travaux récents d’historiens français traitant de la diplomatie et des récits de voyages au XVe siècle.

 

biographie

Martin Nejedlý est professeur à l’Université Charles de Prague. Docteur en histoire médiévale de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (1995), il est l’auteur de plusieurs monographies : Fortuny kolo vrtkavé – Láska, moc a společnost ve středověku, Praha 2003 (L’inconstante roue de la Fortune. Amour, pouvoir et société au Moyen Age) ; Meluzínský mýtus v středověku a rodová pověst Lucemburků, Praha 2007 (Le mythe mélusinien au Moyen Age et la légende dynastique des Luxembourg) ; La représentation des pouvoirs et des hiérarchies dans les Chroniques de Jean Froissart,Villeneuve d’Ascq, 1999. Il est membre du Centre d’Histoire de l’Europe Centrale (Université Paris 4) ; responsable du projet franco-tchèque Les croisades tardives» au sein du Centre d’Etudes Médiévales (section de l’Académie des Sciences de la République Tchèque) en partenariat avec les universités Toulouse 2 et Paris 12 ; coordinateur de l’Atelier en sciences historiques en collaboration avec le Centre Français de Recherches en Sciences sociales.