Jeremie Brugidou
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ANT-2200 ou la genèse des images
Le projet de recherche-création de Jeremie Brugidou à l’Iméra vise à explorer la biomédiatique humaine et non-humaine dans l’océan, en mettant en avant la bioluminescence comme un phénomène écosystémique fondamental et en examinant les relations entre les images, le vivant et les médiations humaines.
Exploration du concept de biomédiatiques humaines et non-humaines dans l’océan
L’objectif est de créer une installation inédite en cultivant des bactéries luminescentes dans des structures transparentes, tant en condition sous-marine (comme dans les musées subaquatiques en Méditerranée) qu’en conditions terrestres (expositions au Mucem par exemple). Cette installation sera ensuite mise en vis-à-vis avec l’imagerie scientifique générée dans les abysses de la Méditerranée, offrant ainsi une réflexion sur la genèse des images face à la dégénérescence de certains biotopes, l’émergence de nouveaux et la croissance de l’intelligence artificielle générative.
Le projet s’inspire d’une approche nourrie par la théorie médiatique, les humanités environnementales et la recherche arts-sciences. Jeremie Brugidou a déjà étudié la bioluminescence et la théorie médiatique sous-maritime lors de sa thèse et de sa résidence au MIO (Institut Méditerranéen d’Océanologie). Il souhaite maintenant développer une théorie médiatique anthropOcéanique, en lien avec l’imagerie abyssale et la bioluminescence, qui est l’un des phénomènes écosystémiques les plus fondamentaux et étonnants de l’océan.
Biomedialuminescence et polychronies du monochrome 490 nm
La recherche s’appuie sur la bioluminescence, un phénomène largement étudié en biologie marine et en ingénierie biomimétique avancée. Elle a également été explorée par des auteurs en philosophie, zoologie et théorie de l’art. Jeremie Brugidou souhaite mettre en évidence le lien entre la théorie contemporaine des images et le vivant à travers la bioluminescence et l’imagerie sous-marine la plus innovante générée actuellement dans les abysses par des robots téléopérés.
Le projet implique une collaboration avec le cabinet d’architecture Rougerie+Tangram pour concevoir des réceptacles innovants pour les bactéries luminescentes, inspirés par le vivant local, afin d’optimiser leur production de lumière et de favoriser leur longévité en milieu sous-marin. Ces réceptacles seront placés dans des musées subaquatiques servant de récifs artificiels, tels que la Grotte Cosquer, afin de questionner la temporalité de la culture humaine par rapport à l’évolution du vivant.
L’objectif final est de créer une installation immersive qui permettra aux visiteurs de découvrir la bioluminescence sous-marine, tout en suscitant des questions sur les processus de création dans un monde partagé et majoritairement sous-marin. Le projet se veut collaboratif, réunissant des partenaires des sciences du vivant, de l’architecture et du design, ainsi que des artistes, pour explorer des thèmes contemporains cruciaux tels que les enjeux écologiques, les médiations humaines, l’éthique et l’écologie, et les approches artistiques de la critique sociale.
biographie
Jérémie est artiste-chercheur : cinéaste et docteur en Arts. Il est l’auteur de deux long-métrages documentaires, ainsi que de nombreux essais visuels.
Il soutient à l’Université Paris 8 en 2020 sa thèse intitulée « Vers une écologie de l’apparition. Le mystère de la genèse des formes à partir d’une Annonciation bioluminescente chez James Cameron », co-dirigée par Christa Blümlinger et Dominique Lestel (ENS Paris). Il a obtenu une bourse postdoctorale (2020-21) dans le cadre d’un projet intitulé « L’Esthétique au présent : puissances de l’image mouvante », et financé par la Fondation Balzan. Le titre de son projet de recherche est « Biomedialuminescence : vers une écologie de l’apparition ».
Il fonde son travail sur la recherche-création, tissant des relations fructueuses entre les arts et les sciences. Dans ce cadre il est l’auteur de plusieurs articles scientifiques en sciences humaines, en langue française et anglaise, de chapitres d’ouvrages, et a co-dirigé un numéro spécial de la revue Social Science Information (SSI) sur la thématique de l’océan.