Isaïe Dougnon
dates de séjour
discipline
Fonction d’origine
Institution d’origine
pays d'origine
lien internet
projet de recherche
La crise de la liberté académique avant et après la démocratie : la résistance des étudiants et des professeurs, le syndicalisme et le radicalisme dans l’éducation supérieure au Mali
Ce projet explore la dynamique de la crise de la liberté académique au Mali au cours d’une période charnière de l’histoire du pays : le passage de la dictature à la démocratie et les effets de ces changements politiques dans la vie intellectuelle. En 1968, le premier président du Mali, Modibo Keita, a été renversé par une junte militaire. Pour la classe intellectuelle, l’euphorie de leur liberté nouvellement acquise s’est rapidement dissipée. Les idéaux panafricanistes et l’éveil général de la conscience politique ont cédé la place à des rivalités constantes entre universitaires et dirigeants politiques. La résistance politique des intellectuels a pénétré l’enseignement secondaire et supérieur pendant la dictature (1968-1991). Aujourd’hui, les universitaires restent souvent silencieux sur les questions clés concernant la crise malienne et se concentrent plutôt sur l’amélioration de leur statut personnel et de leurs conditions matérielles de vie. Comme Jürgen Habermas et Noam Chomsky l’ont montré, les relations structurelles entre l’éducation et la politique permettent de comprendre la lutte des étudiants et des professeurs pour leurs droits civiques et politiques dans la société et à l’université. Ce projet étudie pourquoi l’enseignement supérieur au Mali est devenu un espace de consensus au lieu d’être un espace de débat intellectuel animé. Pourquoi la chute de la dictature et l’instauration d’un régime démocratique dans les années 1990 ont-elles conduit à l’érosion de la liberté académique au lieu de son épanouissement ?
biographie
Isaïe Dougnon a obtenu son doctorat en anthropologie de l’université de Bayreuth en 2003. De 2003 à 2017, il a enseigné à l’université de Bamako. En 2017, il a pris un poste de professeur d’études humanitaires francophones à l’université de Fordham (New York). Son premier ouvrage, Travail de Blanc, Travail de Noir (Karthala, 2007) examine le concept de travail chez les immigrés Dogon à l’Office du Niger (Mali) et au Ghana. Sur la base de cette ethnographie, Isaïe Dougnon a contribué aux débats actuels sur le travail des enfants et les migrations intra-africaines. Depuis 2009, il est passé de l’étude du modèle de cycle de vie local chez les migrants à l’étude du modèle de cycle de vie institutionnalisé parmi les fonctionnaires, à travers laquelle il a terminé un manuscrit de livre. Il a obtenu plusieurs bourses de recherche, notamment de la Humboldt Foundation, du Re: Work (Université Humboldt, Berlin) et de la Fondation Fulbright. Grâce à son travail actuel sur la liberté académique au Mali, il espère contribuer à l’amélioration de la recherche scientifique et des institutions démocratiques dans les pays du Sud.