Ce livre est une histoire du Code de l'indigénat, sa production, son application et ses multiples effets dans l'empire français des 19e et 20e siècles. Le Code de l'indigénat était un code pénal, applicable aux seuls « sujets », c'est-à-dire à la presque totalité des populations « indigènes ». Il fut institué d'abord en Algérie, en vertu d'une loi de 1881, puis exporté vers le reste de l'empire. Le Code rompait avec plusieurs principes essentiels affirmés au moment de la Révolution, notamment ceux de l'égalité devant la loi, puisqu'il s'appliquait aux seuls indigènes, et de la séparation des pouvoirs, puisqu'il conférait des pouvoirs disciplinaires à des administrateurs. Ses partisans le concevaient comme le seul moyen d'imposer l'ordre colonial quand ses détracteurs le dénonçaient comme un « monstre juridique ». A travers cet exemple, mon livre analysera les relations entre droit et violence dans l'empire français et montrera comment les débats sur le Code de l'indigénat ont enrichi les notions juridiques d' « exception » et d' « incapacité ». Situé à l'intersection de l'histoire coloniale et de l'histoire du droit, il combinera une approche d'histoire intellectuelle et politique avec une analyse des pratiques légales et administratives. Il montrera comment le système juridique post-révolutionnaire, fondé sur l'universalité du sujet, en est venu, en situation coloniale, à définir en son sein un espace «hors-la-loi», caractérisé comme temporaire et exceptionnel.