Emmanuelle Saada

Emmanuelle Saada
01/01/2008
Résidents Labex RFIEA+
pas Eurias

dates de séjour

01/05/2012 - 31/07/2012

discipline

Histoire coloniale et postcoloniale

Fonction d’origine

Professeure associée

Institution d’origine

Université Columbia (États-Unis)

pays d'origine

France

projet de recherche

L'Etat de droit colonial : le Code de l'indigénat dans l'empire colonial français (19e et 20e siècles)

Ce livre est une histoire du Code de l'indigénat, sa production, son application et ses multiples effets dans l'empire français des 19e et 20e siècles. Le Code de l'indigénat était un code pénal, applicable aux seuls « sujets », c'est-à-dire à la presque totalité des populations « indigènes ». Il fut institué d'abord en Algérie, en vertu d'une loi de 1881, puis exporté vers le reste de l'empire. Le Code rompait avec plusieurs principes essentiels affirmés au moment de la Révolution, notamment ceux de l'égalité devant la loi, puisqu'il s'appliquait aux seuls indigènes, et de la séparation des pouvoirs, puisqu'il conférait des pouvoirs disciplinaires à des administrateurs. Ses partisans le concevaient comme le seul moyen d'imposer l'ordre colonial quand ses détracteurs le dénonçaient comme un « monstre juridique ». A travers cet exemple, mon livre analysera les relations entre droit et violence dans l'empire français et montrera comment les débats sur le Code de l'indigénat ont enrichi les notions juridiques d' « exception » et d' « incapacité ». Situé à l'intersection de l'histoire coloniale et de l'histoire du droit, il combinera une approche d'histoire intellectuelle et politique avec une analyse des pratiques légales et administratives. Il montrera comment le système juridique post-révolutionnaire, fondé sur l'universalité du sujet, en est venu, en situation coloniale, à définir en son sein un espace «hors-la-loi», caractérisé comme temporaire et exceptionnel.
 

biographie

Emmanuelle Saada est professeure associée à l’université de Columbia (New York),  où elle dirige le Centre d’études françaises e francophones. A l’intersection de la sociologie, de l’histoire et du droit, les recherches d’Emmanuelle Saada portent principalement sur l’étude de la formation des identités sociales et des catégories qui y sont associées dans le second empire colonial français (XIXe et XXe siècles). Son premier ouvrage (Les enfants de la colonie. Les métis de l’empire français entre sujétion et citoyenneté, La Découverte, 2007 ; traduction anglaise Empire’s Children: Race, Filiation and Citizenship in the French colonies, University of Chicago Press, 2012) montrait comment l’émergence d’une population de métis dans l’empire français entre les années 1890 et 1930 avait conduit à une reformulation de la filiation, de la citoyenneté et de leur articulation. Elle tente depuis de répondre à certaines des questions soulevées au cours de ce premier travail et restées alors sans réponse, notamment celle des continuités et discontinuités dans les espaces impériaux et celle de l’articulation de la violence et du droit dans le colonialisme français.​