Jean-Alexandre Perras
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"Inondés de brochures" : médialités du Frivole
« La France est tous les jours inondée d’une multitude de brochures que le libertinage d’esprit a engendré », écrivait Caraccioli. C’est un lieu commun au XVIIIe siècle de se plaindre de l’abondance, de la profusion, du déluge des brochures du jour qui envahissent le champ littéraire, proliférant comme l’ivraie. Petits ouvrages qu’on ne prend pas la peine de relier, les brochures sont légères et maniables, elles circulent de mains en mains, passent de l’antichambre au boudoir à la vitesse de l’éclair, puis sont vite oubliées, remplacées le lendemain par un flot de brochures nouvelles. Elles concernent les sujets les plus divers : affaires du temps, projets économiques, querelles littéraires, satires des moeurs, contes, romans, historiettes… Les « faiseurs de brochures » ne sont jamais à court de sujets, les lecteurs, toujours avides de nouveautés, les presses s’activent, les moindres idées circulent, créant un brouhaha que de nombreux contemporains trouvent assourdissant et vain, piaillement sans conséquence, reflet de la frivolité du temps, mais qui représente aussi un marché en pleine expansion. La multiplication de ces brochures éphémères est dès lors un motif de réflexion sur la valeur et l’utilité de la littérature, qui ne se mesurent pas seulement en termes de morale (utile dulci, « plaire pour instruire », etc.), mais aussi économiques et sociaux, à une époque où le champ littéraire est en pleine mutation.
biographie
Jean-Alexandre Perras est chercheur associé à la Maison française et à la Voltaire Foundation de l’Université d’Oxford. Sa thèse (Université de Montréal / Université de Paris 8), portait sur l’histoire de génie, entre les XVIe et XVIIIe siècles. Sur la question, il a notamment publié L’Exception exemplaire : Inventions et usages du génie (Classiques Garnier, 2015). Poursuivant ses travaux sur le problème de la valeur sous l’ancien régime, il s’intéresse tout particulièrement à la notion de frivolité et à ses rapports avec les pratiques de sociabilité et les hiérarchies littéraires.