Bien qu’emblématiques des mobilités religieuses contemporaines, les conversions à l’islam sont habituellement pensées en vertu d’un « nationalisme méthodologique » qui ne reflète pas l’aspect transrégional des itinéraires de convertis que nous avons rencontrés au Québec, la plupart provenant d’Europe et entretenant des liens physiques et virtuels avec le Maghreb. Notre projet propose d’explorer le parcours de mobilité de nouveaux musulmans français afin d’en saisir les dynamiques de circulation et de connexion transrégionales à diverses échelles spatiales d’un triangle géographique France-Québec-Maghreb qui actualise certains rapports historiques. Plus précisément, nous examinerons les projets idéologiques, représentations des lieux et idéaux moraux qui motivent ces parcours d’une part, et les logiques de régulations institutionnelles externes (politiques de gestion des migrations et du religieux) et internes (organisation du lien social) qui les balisent d’autre part. Nous mettrons ainsi en évidence les mécanismes de configuration d’un ordre social qui se voit comme alternatif. Cette recherche ethnographique et documentaire s’appuie sur une perspective interdisciplinaire qui combine l’anthropologie, l’ethnographie, les sciences politiques, l’histoire, le droit et les sciences religions. En inscrivant la conversion à l’islam dans une matrice espace-temps complexe et profonde, le projet intègre de façon originale le facteur religieux dans les pratiques de mobilité transrégionale et les modes de régulation des échanges physiques et symboliques.