Jean-Pierre Casarino
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Fonctions et implications du système de la réadmission en Méditerranée
Le nombre d’accords bilatéraux facilitant le renvoi ou la réadmission des étrangers en situation irrégulière a fortement augmenté au cours des deux dernières décennies. Ce projet de recherche vise à analyser ces développements sans précédent, en se concentrant sur la zone euro-méditerranéenne. Un nouveau cadre d’analyse est nécessaire afin de saisir l’ampleur de ce « système de la réadmission ». Ce système ne revêt pas seulement une fonction coercitive, mais aussi une fonction régulatrice et de légitimation. Une des contributions majeures de ce projet consiste précisément à regarder par-delà le système de la réadmission. Il propose d’historiciser les conditions de son ancrage dans les liens d’interdépendance internationaux afin de comprendre son expansion, parallèlement à la mise en place de programmes sélectifs de recrutement temporaire des travailleurs étrangers. Ensuite, il postule que sa fonction coercitive, amplement traitée, ne peut occulter le fait que la réadmission et son ethos semblent, aujourd’hui, indissociables d’un questionnement plus approfondi sur le sens même du travail, de la participation et de l’accès aux opportunités. Ce projet de recherche, propice à des collaborations interdisciplinaires avec plusieurs laboratoires d’Aix-Marseille, vérifiera l’hypothèse d’un continuum entre la régulation accrue du séjour et de l’emploi temporaires des travailleurs migrants (fonction régulatrice du système de la réadmission) et la dérégulation croissante du marché du travail, comme modèle des politiques d’emploi actuelles appliquées aux salariés en général (fonction de légitimation).
biographie
Politologue de formation et arabisant, je suis actuellement Senior Research Fellow au sein de la Chaire « politique européenne de voisinage » du Collège d'Europe (Varsovie, Pologne). J’y dirige également l'Académie sur les Migrations Internationales tout en enseignant et en développant des recherches sur les questions migratoires. Mes publications et mes principaux intérêts de recherche portent sur l’expansion des systèmes de réglementation internationaux, l’analyse des modes de coopération bilatérale et multilatérale, la diffusion et l’internalisation des normes et pratiques relatives à la « gouvernance » des migrations internationales et leur impact sur les droits et conditions des migrants. Avant cela, j'ai été professeur au Centre Robert Schuman (Institut universitaire européen de Florence, Italie) où j'ai dirigé plusieurs projets de recherche interdisciplinaires sur les politiques migratoires tout en développant des enquêtes de terrain mobilisant des institutions partenaires en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, en Méditerranée et dans le Caucase.
