Daniele Miano

Ce projet s'appuie sur une méthodologie inspirée des travaux récents sur l'histoire intellectuelle européenne, axée sur le développement à long terme de la connaissance historique. Un cadre interdisciplinaire vient compléter cette méthodologie, combinant les perspectives de l'anthropologie et de l'histoire culturelle - en particulier, mais pas seulement, en ce qui concerne la façon dont l'Antiquité peut être fixée sur des vestiges matériels, et en s'engageant dans la mémoire culturelle. Ces approches méthodologiques issues de disciplines historiques sont utilisées pour tester le cadre théorique plus large du fonctionnement des communautés intellectuelles.

Ce projet a un double objectif. D'une part, il souhaite remettre en question la représentation des XVIIIe et XIXe siècle de la connaissance historique de la période 1300-1650 en tant que généalogie évolutive de la science historique moderne. D'autre part, il ne se contente pas de déconstruire. Il a également pour but d'explorer de nouvelles manières de formuler les tendances analytiques concernant la lecture et l'écriture des histoires anciennes. Ces tendances doivent être considérées comme le produit de contextes culturels qui ont, en fait, beaucoup en commun avec les pratiques antiques et médiévales de production et de transmission du savoir. Une hypothèse clé est que la connaissance historique ne s'est pas développée de manière linéaire. Par conséquent, en prenant du recul par rapport à la perspective téléologique de la recherche de "précurseurs" de la modernité, ces pratiques d'apprentissage doivent être étudiées à travers le prisme d'autres catégories et objets, tels que les reliques, les monuments, la religion, mais aussi les théories et pratiques pédagogiques et rhétoriques antiques et médiévales. C'est surtout dans la dernière partie de cette période que l'étude des historiens anciens a été utilisée pour construire activement des théories de la modernité, même si ces théories étaient nettement différentes de celles qui ont fini par prévaloir au XVIIIe siècle.