Le texte, le corps et le comportement : quelques interprojections au XIXe siècle
date
adresse
Collegium de Lyon, 15 parvis René-Descartes, 69007 Lyon, Salle R143.
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Séminaire de Serge Zenkine.
La littérature et les arts (surtout les arts du spectacle), non seulement « reproduisent » la réalité sociale mais sont susceptibles de la « programmer », si bien que les hommes se conduisent quelquefois dans la vie et accomplissent de grands actes héroïques et/ou criminels en imitant tel ou tel modèle esthétique. La culture romantique, c’est-à-dire celle du XIXe siècle en général, en France semble avoir été particulièrement prédisposée à cette imitation, et en même temps à une réflexion sur celle-ci : en témoigne entre autres Madame Bovary, histoire d’une femme imitant les romans.
Le phénomène de cette mimésis inverse (la vie réelle imitant l’art) avait été décrit dès le début du XXe siècle par Louis Maigron (Le romantisme et les moeurs, 1910), mais il a fallu attendre l’apparition de la sémiotique pour qu’il soit théorisé dans les années 1970, surtout avec les articles pionniers de Iouri Lotman en Union Soviétique. Lotman a fondé une « poétique du comportement », une discipline qui devrait analyser, avec des méthodes exactes, l’aspect signifiant des actes humains. Les vies « auto-construites » d’écrivains, d’artistes, etc., qui le sont souvent selon des codes sémiotiques d’origine littéraire et artistique, relèvent elles aussi de la même catégorie des faits.
Dans ma conférence, je parlerai de quelques modèles théoriques permettant de rendre compte de ces phénomènes, et puis de la façon dont la « mimésis inverse » est représentée à son tour en littérature, chez quelques écrivains français du XIXe siècle.