Krista Lynes
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Superflus: les médias du mouvement et les lieux de passage
Le projet de recherche « Superflus : les médias du mouvement et les lieux de passage » se centrera sur l’iconographie de la « crise migratoire » et la médiation de la Méditerranée en tant qu’espace de contestation autour des thèmes de la migration et des frontières, et tentera d’interroger comment, à travers divers processus médiatiques spécifiques et des modalités de représentation, elle a été constituée comme objet de conflit politique, d’investissement affectif et de manœuvres légales. Le projet se concentre particulièrement sur la signification médiatique de deux événements: a) le naufrage d’un bateau de migrants au large de l’île de Lampedusa, en 2013, et b) l’apparition d’images en 2015 (particulièrement l’image du corps du jeune Syrien noyé, Aylan Kurdi) qui ont donné forme aux contours de la « crise » en suscitant de nouvelles tension Nord-Sud et Est-Ouest au sein de la zone euro, ainsi qu’entre elle et les pays non-membres. Adoptant une vaste approche culturelle visuelle et interdisciplinaire, la recherche examinera les reportages et les documentaires des déplacements, de nouvelles formes médiatiques 3D et interactives qui illustrent la dynamique spatiale de la crise, la production de selfies et des réseaux de médias sociaux, les travaux de collectifs d’activistes et d’artistes et des œuvres d’art. Tous ces éléments du projet proposé cherchent à comprendre les médias du mouvement social contemporain non seulement dans leur capacité de rendre visibles les sites de combats politiques, mais aussi dans leur action de médiation entre les acteurs sociaux, leur capacité de galvaniser le sentiment politique, par exemple, ou d’élaborer de nouvelles formes d’identité collective.
biographie
Krista Geneviève Lynes est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études féministes des médias et professeure agrégée au Département de communication de l’Université Concordia. Ses recherches portent sur la médiation des sujets politiques et de la vie sociale dans des conditions de lutte politique. Son premier livre, Prismatic Media, Transnational Circuits: Feminism in a Globalized Present (2012), étudie la contribution de médias visuels à la production de la visibilité féministe dans les sites de conflit à travers le monde. Ses articles ont été publiés dans les revues Postmodern Culture, Theory & Event, Third Text et Signs. Elle a aussi été commissaire de plusieurs expositions, dont World of Matter: Exposer l’écologie des ressources (2015) et Objets acharnés: la contre-surveillance dans un univers post-humain (2016). Elle est fondatrice et Directrice actuelle du Studio féministe des médias (http://feministmediastudio.ca), qui offre un espace pour la production et la post-production médiatique ainsi que pour l’engagement critique, en concevant des stratégies esthétiques qui rendent visibles les formes permanentes d’oppression et d’exploitation basées sur le genre, explorant la subjectivité et la sexualité liées au genre. Son projet de recherche actuel, intitulé Grounded: Media Art and the Reinvention of ‘Grassroots’ Perspectives, cherche à comprendre les médias des mouvements sociaux contemporains à la fois dans leur capacité de rendre visibles les lieux de luttes politiques et dans leur rôle de médiation des acteurs sociaux pour l'élaboration de nouvelles formes d'identité collective.