KARINE VANTHUYNE

KARINE VANTHUYNE
01/09/2006
Résidents Labex RFIEA+
pas Eurias
pas FIAS

dates de séjour

01/09/2021 - 30/06/2022

Fonction d’origine

Professeure

Institution d’origine

Université d'Ottawa

pays d'origine

Canada

projet de recherche

Décoloniser la recherche et l’enseignement sur les rapports des peuples autochtones à l’extractivisme

L'essor actuel de l'exploitation minière à l'échelle mondiale a de manière disproportionnée touché les peuples et les territoires autochtones. Des communautés autochtones ont favorablement accueilli l'industrie minière sur leurs terres, alors que d'autres s'y sont farouchement opposées. Comment expliquer ces relations contrastées avec l’industrie minière? La littérature scientifique suggère que les relations positives des peuples autochtones au secteur minier sont étroitement liées à leur capacité d'exercer leur droit à l'autodétermination. Mais quels sont les éléments qui permettent l’exercice de ce doit en contexte minier? Et comment la décolonisation de la recherche et de l'enseignement sur ce sujet pourrait-elle améliorer notre compréhension de cet enjeu?

En m’appuyant sur sept années de collaboration de recherche en partenariat avec les acteurs impliqués dans la décolonisation de la recherche et de l'enseignement à l'Université d'Ottawa, Canada, ainsi qu'avec des représentants des Eeyouch (Cris de la baie James, Québec) au Canada et des Maya-Mam au Guatemala, je propose de répondre à ces questions de recherche en comparant les expériences très différentes de ces peuples autochtones avec des sociétés minières canadiennes. Pour ce faire, j’utilise des méthodologies de recherche-action participative (RAP) ainsi que des approches de transfert intégré des connaissances (TIC). Cela me permettra de produire des connaissances pertinentes et mobilisables du point de vue de ces peuples, ainsi que des contenus d’enseignement universitaire décoloniaux sur l'extractivisme. Des évaluations critiques continues de mon utilisation des méthodes de RAP et de TIC contribueront également de manière significative à l'amélioration des capacités de recherche et d'enseignement universitaire sur les relations fondamentalement inégales des peuples autochtones avec l’industrie extractive. Mon objectif est de documenter les défis méthodologiques et éthiques spécifiques liés à l'enseignement et à la conduite de recherches de nature décoloniale sur l'exploitation minière en territoires autochtones, et la meilleure façon de les relever.

biographie

Karine Vanthuyne est professeure agrégée d'anthropologie, directrice du Groupe de recherche interdisciplinaire sur les territoires de l’extractivisme (GRITE) et titulaire d'une chaire en enseignement universitaire à l'Université d'Ottawa.

Au carrefour de l'anthropologie juridique, médicale et politique et des études autochtones, les recherches de Karine Vanthuyne portent sur la mémoire, l'identité et la défense des droits des peuples autochtones. Au Guatemala, elle a examiné comment les Chuj se sont impliqués dans des procès pour génocide coordonnés par une organisation non gouvernementale de défense des droits humains. Au Canada, elle a étudié comment les Eeyouch (Cris de la baie James, Québec) se sont souvenus des pensionnats indiens dans le contexte de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada. Elle documente maintenant comment l'histoire coloniale et les processus de décolonisation des Maya-Mam (Guatemala) et des Eeyouch encodent, de manières contrastées, leurs relations actuelles à l’industrie minière. Elle cherche également à identifier quels sont les facteurs contextuels qui mènent à la décolonisation significative des programmes d'études universitaires au Canada. Dans l’ensemble de ces travaux de recherche, Karine Vanthuyne porte une attention particulière aux méthodologies et aux protocoles qui se doivent d’être utilisés pour soutenir des processus de recherche de nature véritablement participative et décoloniale.