Exploratorium

auteur

Peter Richards

date de sortie

06/01/2010

discipline

Arts et études des arts

 


L’Exploratorium, musée dédié aux sciences, à l’art et à la perception humaine, est demeuré durant de nombreuses années un modèle dans le domaine des musées interactifs et dans celui de l’enseignement informel des sciences. En 1974, j’ai fondé un programme de résidence d’artistes et ai occupé jusqu’en 1998 les fonctions de directeur de la programmation artistique. Récemment, en tant que Senior artist, j’ai collaboré à la conception de « Dynamiques invisibles : la science de la perception d’un lieu », une nouvelle exposition à l’initiative de l’Exploratorium. Cette recherche pluridisciplinaire étudie les relations entre les territoires et leurs habitants et les nombreuses forces physiques, biologiques, construites et socio-économiques qui influencent ces interactions. L’intention principale de « Dynamiques invisibles » est de comprendre la complexité de territoires habités en révélant et en topographiant les systèmes invisibles qui donnent son caractère à un lieu. Les recherches préliminiaires ont été effectuées par des artistes/chercheurs engagés par l’Exploratorium afin d’étudier les relations entre San Francisco, sa baie et la région environnante, dans une approche systémique.

 

Au cours des visites préparatoires effectuées à Marseille et en Provence en vue de ma résidence à l’IMéRA de mars à juin, j’ai notamment eu l’opportunité de rencontrer un certain nombre de scientifiques et d’artistes. Ces explorations et ces rencontres ont confirmé qu’il existe de nombreuses caractéristiques communes entre la région de la baie de San Francisco et le sud de la France : les marais salants du sud de San Francisco et ceux situés en Camargue, à l’embouchure du Rhône ; le port d’Oakland et celui de Marseille, Marseille étant pour les migrants du Sud la porte d’entrée en Europe, comme San Francisco l’est pour les personnes venant du Sud et de l’Extrême-Orient. Les deux régions possèdent de nombreux établissements d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation technologique. Ces similarités, parmi d’autres, laissent envisager de fructueux échanges dont le point de départ serait les similarités et différences entre les deux territoires. L’IMéRA et l’Exploratorium sont convenus qu’un projet de recherche en collaboration serait pertinent et permettrait une compréhension partagée des deux régions. Il offrirait de nouveaux éclairages, des méthodologies avancées pour communiquer les idées soutenant « Dynamiques invisibles », et éventuellement marquer une étape vers un nouveau learning center à Marseille.

 

L’atelier « Dynamiques invisibles – IMéRA / Exploratorium » est une démarche transdisciplinaire impliquant artistes, scientifiques, historiens, urbanistes, géographes, anthropologues et sociologues. En se concentrant sur les caractéristiques communes aux régions de Marseille et de la baie de San Francisco, ils explorent les relations interactives entre les environnements et leurs habitants, ainsi que les nombreuses forces physiques, biologiques, construites, socioéconomiques et culturelles qui influencent ces interactions. L’intention est d’étudier avec une approche interculturelle, voire globale, la manière dont les territoires évoluent avec les populations humaines corrélées. Leur objectif est d’aboutir à des compréhensions et des méthodologies partagées.

 

L’atelier a débuté par un panorama de la région dressé par des historiens, des anthropologues et des philosophes. Les interventions et les discussions ont abordé l’impact des mouvements de population sur le globe et interrogé la manière dont ces migrations impactent non seulement les cultures, mais aussi les territoires. Une table ronde a traité de l’idée même de « méditerranéité » : qu’est ce que la « méditerranéité » ? Comment peut-on la caractériser ? Comment se manifeste-t-elle ? Un groupe a étudié les procédés éducatifs, scientifiques et culturels permettant de renforcer la conscience que les gens peuvent avoir d’un lieu. Un autre a exploré, à travers la science et la métaphore, les conséquences des choix passés concernant l’usage de l’espace. Une troisième équipe a envisagé le rôle de l’histoire comme permettant de lier les défis d’aujourd’hui et les méthodes et solutions d’hier.

 

Les organisateurs de l’atelier savent d’expérience que les idées et les méthodologies qui émergent lors de ce type de rencontre suivent un long processus d’accrétion. Les réponses n’apparaissent pas comme par magie pour se tenir fixes, de manière à être étudiées. Cependant, elles se renforcent dans un processus itératif consistant à poser les questions et à mettre les idées à l’épreuve de différents contextes. L’IMéRA encourage ce processus d’accrétion conceptuelle et cette construction d’un échange dans le temps.

 

Par ailleurs, je souhaite appliquer cette nouvelle méthodologie à l’étude de l’intersection entre les eaux de la Méditerranée et la terre qui dessine son rivage dans la région de Marseille. Mon travail de recherche en collaboration avec mon épouse Sue comprend les aspects historique, anthropologique, sociologique, écologique et géophysique de cette relation mer/terre. Nous travaillons à des propositions de concepts pour des œuvres d’art in situ pensées pour les îles du Frioul. L’une est un jeu d’ombres pour les visiteurs qui empruntent le sentier qui mène à l’hôpital Caroline construit en 1823 en réponse aux craintes de propagation de la fièvre jaune ; l’autre créerait à l’hôpital un jardin méditerranéen qui mettrait en perspective l’impact global de l’agriculture régionale.

 

Nous proposons également un jardin sonore sur les rives de l’embouchure du Vieux Port, un lieu où apprécier la musique des vagues et du vent. Une quatrième proposition d’art public investirait la porte d’Aix et traiterait de la notion d’entrée et de sortie, mais aussi de celle du départ d’une ville, d’un pays ou d’un continent.

 

Nous nous pensons comme des faiseurs de lieux. Nous avons ardemment travaillé à créer des situations où les gens ressentent une forte connexion à l’endroit où ils se trouvent ou à celui dans lequel ils vivent. Pour nous, la perception d’un lieu provient de l’intégration de l’imagination humaine dans ce qu’elle a de plus créatif à un lieu physique. Chacun des sites explorés a le potentiel nécessaire à une telle intégration. Nous considérons que lorsque les gens sont connectés aux lieux qu’ils habitent, ils adhèrent plus fortement à l’idée de gestion et de respect de l’environnement.

Artiste membre de l’Exploratorium de San Francisco depuis 1971, Peter Richards explore l’espace public marseillais en collaboration avec son épouse, Sue Richards, afin d’identifier de possibles lieux d’installation d’une œuvre artistique dans le cadre de Marseille 2013 – Capitale européenne de la culture.

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