Origine et évolution de certaines caractéristiques du langage et du discours

date

Mardi 03 Décembre 2013, 18h00 - 20h00

adresse

Amphithéâtre Simone Weil, IEA de Nantes, 5 allée Jacques Berque, 44000 Nantes

Origine et évolution de certaines caractéristiques du langage et du discours

Conférence de Didier Demolin, Centre de recherche en linguistique LaDisco (Langues et discours) de l'université libre de Belgique

 

Cette conférence sera consacrée à l’étude de deux éléments de l’évolution de la parole et du langage. Le premier concerne un élément majeur du langage humain, à savoir le contrôle de la fréquence fondamentale (f0). Le deuxième est relatif à la structure des vocalisations des primates non-humains.

 

Bien que les primates non-humains  puissent moduler la f0, il n’y a aucune preuve qu’ils le fassent indépendamment de l’intensité. Il est donc essentiel de comprendre l’origine et l’évolution  de cette caractéristique dans le langage humain. En effet le contrôle de la f0 permet de moduler l’intonation qui est fondamentale dans les caractéristiques prosodique, syntaxique, sémantique et pragmatique du langage humain. La comparaison entre le langage humain et les vocalisations primates non-humaines permet des observations intéressantes. Ceci  pourrait également apporter des preuves pour évaluer l’origine et l’évolution du contrôle de la fréquence fondamentale. La source de la parole chez le chimpanzé et le bonobo est assez instable et il ne semble pas y avoir de dissociation de la modulation de la fréquence fondamentale  et de son intensité. Dans cette approche, il est important de  souligner que la source de la parole, généralement instable et sans contrôle indépendant de la fréquence  fondamentale, chez les primates  non-humains a évolué vers un contrôle de la parole chez l’humain.

 

La deuxième partie de cette conférence tentera de répondre aux questions suivantes : est-ce que le langage humain est unique  parmi les systèmes de communication des primates en ce qui concerne la grammaire et la récursivité ? Le renforcement  hiérarchique et récursive des unités linguistiques nécessite à minima une grammaire context-free. Cela est plus complexe que les grammaires à états-finis considérées comme suffisantes pour préciser la structure des signaux de communication non-humains. Les animaux semblent être incapables d’apprendre et de différencier des séries de grammaire context-free  de celles formées par des règles simples. Il sera démontré qu’une combinaison d’appels spontanés de muriquis sauvages (des cébidés, Brachyteles hypoxanthus), révèle une grammaire qui n’est pas seulement context-free mais également sensible au contexte. Ainsi la capacité à produire des grammaires auto-enchâssantes et recursives n’est pas uniquement humaine. Ces conclusions suggèrent que certains des processus mentaux essentiels à la base du langage humain sont partagés par les primates.