Les relations humaines ne sont pas solubles dans la morale

date

Mardi 07 Février 2012, 18h00

adresse

Amphithéatre Simone Weil, IEA de Nantes, 5 Allée Jacques Berque, 44000 Nantes

Les relations humaines ne sont pas solubles dans la morale

Selon la conception occidentale moderne de l’individu, celui-ci décide de ses relations avec les autres, que ce soit en raison des fins économiques qu’il poursuit ou des fins morales auxquelles il se plie. Opposer à la domination de l’économie les exigences de la morale ne remet donc pas en question le présupposé selon lequel l’individu est logiquement antérieur à ses relations avec les autres.

 

Or, l’état des connaissances concernant, notamment, l’origine des sociétés humaines et le développement des nourrissons, conduit à une critiuqe radical de ce présupposé ou de cette croyance. D’où les thèses qui seront présentées :

1- l’existence psychique des individus est dépendante de l’écosystème relationnel et social dans lequel ils se trouvent ; l’être même de chacun est donc inséparable de sa manière d’être avec les autres ;

2- toute relation humaine comporte, généralement de manière implicite, des enjeux de plus-être ou de moins-être ;

3- le désir d’exister s’exerce, pour une bonne part, à l’insu des intéressés et avec plus de force que les exigences morales ;

4- les formes de plus-être ou de moins-être sont liées aux objets, aux représentations collectives et aux institutions propres à l’écosystème culturel dans lequel chacun vit : dans ces conditions, à supposer même que s’impose en principe une exigence morale universelle, celle-ci ne saurait venir à bout des moeurs et des manières d’être communément reçues.

 

François Flahault

Après une formation philosophique, il s’est engagé dans des recherches en sciences sociales, notamment sur les contes populaires européens. Il a enseigné au Département de Psychanalyse de Paris VIII, à l’UFR de Sciences Cliniques de Paris VII et au Collège International de philosophie.

Convaincu que la philosophie doit se confronter à ses préjugés eurocentriques, il s’intéresse aux partis pris qui ont donné son caractère spécifique à la pensée occidentale. Il s’appuie également sur les connaissances scientifiques qui, aujourd’hui, renouvellent notre conception de l’être humain et de la société en nous invitant à explorer le fait que l’être humain existe dans et par des écosystèmes relationnels.

Il anime actuellement le séminaire « Anthropologie générale et philosophie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).

 

Derniers ouvrages parus :

Le Sentiment d’exister, Descartes & Cie, 2002.

Le paradoxe de Robinson. Capitalisme et société, Mille et une nuits, 2005.

« Be yourself ! » Au-delà de la conception occidentale de l’individu, Mille et une nuits, 2006.

Adam et Ève. La condition humaine, Mille et une nuits, 2007.

Le Crépuscule de Prométhée. Contribution à une histoire de la démesure humaine, Mille et une nuits, 2008.

Où est passé le bien commun ? Mille et une nuits, 2011.

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