Mon projet a pour objectif d’explorer les frontières entre l’informalité et la corruption. En dépit de l’importance des pratiques informelles (c’est-à-diredes arrangements) dans les économies postcommunistes et au niveau global, la recherche des réseaux informels s’est développée très lentement pour des raisons en partie pragmatiques. Le chercheur qui se pose des questions délicates sur les institutions, les réseaux et les pratiques informelles est confronté à des difficultés méthodologiques, au besoin de mener un travail pluridisciplinaire ainsi qu’aux attitudes peu amicales des sondeurs. De plus, il y a également des défis conceptuels d’intégration de la dimension informelle dans les recherches disciplinaires, et une certaine résistance morale à la découverte de faits compromettants sur le fonctionnement des «zones grises» de la politique, de l’économie et de la société. En s’appuyant sur une étude comparative et ethnographique, ce projet vise à révéler l’existence des moralités plurielles grâce auxquelles les pratiques informelles continuent à persister, à examiner leurs légitimité, et à analyser les arrangements institutionnels, ainsi que les contextes culturels et historiques qui produisent et reproduisent les frontières mal définies entre les pratiques informelles d’un côté, et les pratiques corrompues de l’autre.