Le modèle dominant de cosmopolitisme, qui fut longtemps considéré comme la seule forme viable de cosmopolitisme, inclut autant qu’il exclut. Certains chercheurs le reconnaissent, mais il ne semble pas que leurs voix soient entendues au-delà des petits cercles de spécialistes des aires culturelles ou des historiens de la culture. Et pourtant, au cours d’explosions de violence, de nombreuses communautés voient se lever des personnes ou des groupes qui déploient des formes de “bons voisinages” pour résister à la violence. Dans une étude en cours sur les violences au moment de la partition entre l’Inde et le Pakistan, 40% des survivants déclarent avoir été aidés par des personnes “de l’autre camp” et/ou savoir que des voisins ou amis avaient reçu une telle aide. Et les sauveurs ont parfois été tués avec les personnes qu’ils essayaient de secourir. Comment expliquer une telle résistance ? Trouve-t-on des éléments de réponse dans les formes alternatives de cosmopolitisme et dans les formes non-modernes d’hospitalité, plus à l’aise avec la diversité radicale ou extrême ? Existent-ils, dans les cultures n’ayant pas bénéficié des valeurs inspirées des Lumières, des ressources alternatives à utiliser face aux projets génocidaires de notre époque ? Ces questions sont restées peu exploitées, et sous-théorisées. Cette étude espère identifier les composants de ces formes alternatives de cosmopolitisme et d’hospitalité, ainsi que du langage de la dissidence qui les sous-tend.