Son projet au Collegium de Lyon, intitulé « La dynamique des séquences consonantiques dans deux langues caucasiennes », utilise des méthodes phonétiques d’analyse acoustique pour étudier l’évolution historique d’un changement de son et ses conséquences sur l’évolution de l’ensemble du système phonologique. En lezgi (langue caucasienne du nord-est) ce changement correspond à la disparition graduelle des voyelles qui favorise la formation de séquences consonantiques jusqu’alors inexistantes dans la langue. Dans les deux exemples suivants une voyelle fermée de la première syllabe du mot a tendance à disparaitre lorsqu’elle n’est pas accentuée. Le singulier sík’ ‘renard’ devient s(i)k’ár au pluriel.
Dans un premier temps le projet vise à d’étudier la variabilité de ce phénomène parmi les locuteurs natifs. Ultérieurement les résultats seront comparés aux séquences consonantiques bien établies du géorgien (langue caucasienne du sud), qui se sont développées historiquement de la même manière beaucoup plus tôt dans l’histoire de la langue.
L’objectif final est de situer les résultats dans un contexte typologique de l’évolution des langues, sachant que des phénomènes semblables ont été mentionnés pour plusieurs langues non-apparentées (turc, japonais, français québécois, etc.). D’ailleurs le géorgien et le lezgi eux-mêmes font partie de deux familles caucasiennes différentes, n’étant pas génétiquement apparentés. L’étude typologique approfondie des différents mécanismes phonétiques qui mènent à la disparition des voyelles soulève également des questions sur la complexité des systèmes phonologiques, particulièrement en ce qui concerne le rôle de la variabilité phonétique dans la recherche d’une mesure de la complexité. Cet aspect de l’étude vient ainsi à la rencontre du projet ANR « Complexité, Langage et Langues » contribuera à aborder une approche diachronique de la complexité.