Cécile Vigouroux
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Langue, migration et économie politique de “la débrouille”
Ce projet de sociolinguistique qualitative examine comment "la débrouille" façonne les pratiques linguistiques et les idéologies dans le contexte de la migration. Les sujets de l'enquête sont des Congolais de la République démocratique du Congo qui se sont installés en France.
La focalisation sur les pratiques de "la débrouille" vise à mettre en évidence la créativité des actions et l'éventail des ressources individuelles et sociales dont font preuve les migrants en puisant dans un répertoire de pratiques culturelles et de croyances. Afin d'examiner les différents aspects de la dynamique langagière des migrants, "la débrouille" est conceptualisée et analysée selon trois perspectives complémentaires : 1) comme pratiques socio-économiques ; 2) comme capital culturel ; 3) comme formation et présentation identitaire des individus et des groupes.
Cette recherche s'inscrit dans le cadre d'un projet intellectuel plus large (et ambitieux) visant à rapprocher la linguistique de l'économie. Elle vise en particulier à favoriser un dialogue plus approfondi avec certains économistes et linguistes sur la mobilité socio-économique des migrants, en s'éloignant de l'importance excessive accordée au niveau d'éducation dans l'évaluation de cette mobilité. Elle cherche à mettre en évidence le fait que les catégories éducatives sur lesquelles de nombreux spécialistes de la migration et décideurs politiques s'appuient de manière excessive pour mesurer la capacité potentielle des migrants à "s'intégrer" dans leur société d'accueil sont chargées d'idéologie. En outre, et surtout, cette recherche soutient qu'elles ne parviennent pas à saisir le vaste répertoire de ressources que les migrants doivent déployer pour naviguer dans leur nouvel environnement.
biographie
Cécile B. Vigouroux est actuellement professeure associée de sociolinguistique au département de français de l'Université Simon Fraser, Canada. Ses recherches portent sur la formation des identités transnationales, le remodelage des idéologies linguistiques, les transformations socioculturelles déclenchées par les nouvelles formes de mobilité, les inégalités socio-économiques, l'impact de l'économie informelle sur les pratiques linguistiques, et la Francophonie. Ses travaux jettent un pont entre la sociolinguistique et d'autres disciplines telles que la géographie et l'économie. Elle a obtenu des bourses de l'Institut Max Planck pour l'étude de la diversité religieuse et ethnique, à Göttingen, en Allemagne (printemps 2012) ; de la Fondation Mellon, par l'intermédiaire de l'Université du Cap, en Afrique du Sud (oct. 2012) ; et du Collegium de Lyon, en France (2013-14).