La consommation de « ressources » naturelles et les émissions de divers polluants par les activités humaines ont conduit aujourd’hui à atteindre ou dépasser certaines limites que notre écosystème planétaire ne peut ou ne pourra plus supporter à moyen et long terme. Pour espérer préserver les fragiles équilibres écologiques de notre environnement, et essayer de ralentir le bouleversement climatique, l’érosion massive de la biodiversité sauvage et les pénuries qui s’annoncent (eaux, métaux…), les sociétés industrielles doivent évoluer et accepter certaines formes de ralentissement de leur consommation/prédation.
Que l’on nomme ce ralentissement sous les vocables de sobriété, de frugalité ou de décroissance, l’objectif général consiste bien à revoir nos pratiques de surconsommation, au moins dans les pays les plus riches et dans les franges de la population les plus aisées. Les actions publiques, et même le droit commencent aujourd’hui à intégrer timidement ces nouveaux paradigmes. Ainsi la sobriété énergétique est-elle inscrite comme un objectif essentiel des objectifs de transition (art L100-2 du code de l’énergie).
Le courant de réflexion sur la post croissance définit ce concept comme la « réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique, planifiée démocratiquement, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être ». Il s’agit d’œuvrer concrètement et collectivement, en impliquant l’ensemble de la population, mais en distinguant les différences d’empreintes de chacun, ou celles des différentes classes sociales. C’est l’objectif de justice sociale qui lui est associé. Il s’agit également de décrire et faire partager les cobénéfices de ce ralentissement, en termes d’allègement des charges de travail, de ralentissement des rythmes contraints et de gain en qualité de vie, voire de pacification du rapport aux autres.
Le projet vise à « mettre en récit » des scénarios de sobriété pouvant inspirer les politiques publiques de transition écologique. Il se fondera en partie sur les résultats scientifiques d’un programme de recherche ANR et d’un programme Horizon Europe, mené par la Ville de Marseille sur l’objectif « Marseille neutre en carbone en 2030 ». Au-delà des pistes juridiques élaborées dans le cadre de ces programmes, il s’agitde développer un écrit plus personnel des résultats de recherche et des propositions juridiques de sobriété. Les politiques à mener pour lutter contre le changement climatique se heurtent à de nombreuses résistances psychologiques et sociétales, qui pourraient être atténuées par la proposition de nouvelles façons d’imaginer un futur moins inquiétant. Si des formes d’imaginaires nouveaux sont souvent portées par les ouvrages de science-fiction, il peut être intéressant d’oser un exercice de « juridique fiction » pour tenter, dans un langage plus littéraire et moins académique, de rendre vivantes ou palpables les propositions développées dans les recherches en cours.