Une nouvelle architecture construite au moyen de prêts concessionnels convenus entre les gouvernements chinois et caribéens a remodelé la région avec des stades, des autoroutes, des hôpitaux, des bâtiments gouvernementaux et des tours d’habitation. Au début du XXIe siècle, l’île de la Jamaïque a servi de point d’entrée à une formule où la diplomatie, la finance et l’industrie de la construction étaient des opérateurs clés. Les prêts à taux réduit, les lignes de crédit et les donations chinoises sur l’île ont été coordonnés avec l’embauche d’entreprises chinoises pour exécuter les projets.
Plutôt que d’étudier les projets isolément, cette recherche propose de spatialiser cette formule diplomatico-financière en analysant, à travers le cas de la Jamaïque: a) le risque financier et l’échec, b) les modalités de remboursement, c) la substitution, d) la dette, et e) la résistance, comme des dimensions interconnectées qui produisent de l’espace.
Cette approche s’inspire de la proposition de Katherine McKittrick selon laquelle la plantation est un "plan persistant" implanté dans la formation spatiale du monde moderne, mais d’où jaillissent continuellement des espaces créatifs de résistance et de défi pour réimaginer l’avenir. S’appuyant sur des sources gouvernementales officielles, des entretiens avec des acteurs clés et des visites sur le terrain, ce projet explore les nouvelles relations entre l’architecture et la construction, le capital mondial et la coopération Sud-Sud, la dette, la dépossession des terres et les formes de résistance dans les Caraïbes.