Antonella Del Prete

Antonella Del Prete
Résidents Labex RFIEA+
pas Eurias

dates de séjour

15/09/2014 - 15/07/2015

discipline

Philosophie

Fonction d’origine

Maître de conférences

Institution d’origine

Université de la Tuscia (Italie)

pays d'origine

Italie

projet de recherche

Le cartésianisme aux Pays-Bas : philosophie, théologie, interprétation de la Bible

Les rapports entre Descartes et les Pays-Bas peuvent être considérés comme un transfert culturel. Mon projet de recherche vise à étudier un procès complexe, caractérisé par une forte polarisation: la rencontre/opposition entre deux traditions culturelles et religieuses, et le passage d’un paradigme philosophique péripatéticien à un milieu où différentes philosophies modernes cohabitent, notamment le cartésianisme. Ma recherche vise deux principaux objectifs :

1) étudier comment s’articulent, dans la réflexion théorique, mais aussi dans la pratique, la philosophie et la théologie,

2) examiner les débats sur l’interprétation des Écritures soulevés par la diffusion du cartésianisme. Le projet de recherche vise d’abord à reprendre à nouveaux frais les rapports entre la raison et la philosophie, d’une part, et la foi religieuse et la théologie de l’autre.

 

La lecture des textes théologiques et philosophiques des cartésiens néerlandais permet d’avancer l’hypothèse qu’il faudrait préciser la distinction entre les voetiens anticartésiens et les cocceiens cartésianisants telle que l’a élaborée la critique : il ne s’agit pas de passer d’une union entre la philosophie et la théologie à une séparation entre les deux disciplines, mais d’abandonner un rapport hiérarchique en faveur d’un rapport paritaire. Si ces hypothèses seront confirmées, on pourra mettre sous un nouveau jour la diffusion de la pensée de Descartes, mais aussi situer les dynamiques culturelles néerlandaises dans le panorama européen de l’époque. L’approche est donc multidisciplinaire et demande des compétences à la fois historiques, philosophiques et théologiques. Un deuxième résultat sera d’étendre nos connaissances des débats sur l’exégèse de la Bible déclenchés par la diffusion de la philosophie cartésienne dans les milieu Réformés, les insérant dans le développement de l’interprétation Réformée de la Bible. Il faut d’abord déterminer la position des cartésio-coccejens par rapport à l’orthodoxie Réformée, mais aussi aux Rémostrants et aux Sociniens. Il convient, enfin, de reprendre à nouveaux frais la question des rapports entre l’interprétation de la Bible des cartésiens néerlandais et d’autres issues possibles du cartésianisme et/ou du rationalisme théologique, tels qu’elles sont représentées par L. Meyer, Spinoza ou J. Leclerc. Une analyse systématique de ces débats permettrait d’illustrer de manière innovante les stratégies collaboratives mises en oeuvre par les cartésiens néerlandais aussi bien que leurs différentes positions et d’approfondir notre connaissance de l’herméneutique Réformée de la Bible à travers un chapitre inédit.

biographie

Ancienne élève de l’ENS de Pise, après son doctorat A. Del Prete a étudié à l’Université de Paris I, à l’Istituto Italiano per gli Studi Filosofici, et à l’International Centre de Leyde. Après avoir obtenu la qualification comme maître de conférence, en 2001, elle eu un poste comme chercheur à l’Université de Lecce ; depuis 2005 elle travaille à l’Université de Tuscia (Viterbo). Chercheur associé du CNRS en 2001 et professeur invité à l’ENS de Lyon en 2011, elle est membre de l’école doctorale Formes et histoire des savoirs philosophiques de l’Université de Lecce et a participé à de nombreux projets de recherche financés par le Ministère de la recherche italien. Co-directeur de la revue "Historia philosophica", elle collabore régulièrement avec "L'Indice", "Bruniana & Campanelliana", la "Rivista di storia della filosofia", "La Lettre clandestine". Ses recherches portent sur la littérature philosophique clandestine ; la cosmologie infinitiste Giordano Bruno et sa diffusion à l’âge classique ; la diffusion de la pensée de Descartes dans différents milieu culturels (Pays-Bas et France) ; les conséquences du cartésianisme sur l’exégèse de la Bible et sur la théologie Réformées ; le rapport entre Vico et Bodin.