Le désir de punir. Une anthropologie du châtiment
date
adresse
IEA de Paris, 17 quai d'Anjou, 75004 Paris
lien internet
Conférence de Didier Fassin (Institute for Advanced Study, Princeton et EHESS, Paris), organisée avec le soutien de l'IEA de Paris
Présentation
Les sociétés contemporaines sont entrées depuis plusieurs décennies dans un moment punitif, c’est-à-dire dans une période de plus grande sévérité de leur appareil pénal sans corrélation statistique avec l’évolution de la criminalité et de la délinquance. Ainsi la France a-t-elle aujourd’hui la population carcérale la plus nombreuse de son histoire en temps de paix. Plutôt que de commenter directement cette évolution, il peut être utile de retourner en quelque sorte aux sources du châtiment, en nous demandant ce que c’est que l’acte de punir, en nous interrogeant sur ce qu’en sont les justifications, et en nous attachant à en comprendre la distribution sociale. Cette triple approche s’appuiera à la fois sur des enquêtes ethnographiques conduites depuis une dizaine d’années sur la police, la justice et la prison et sur un questionnement généalogique mobilisant des travaux historiques, ethnologiques et philologiques. Elle mettra donc à l’épreuve les lectures normatives de la philosophie morale et de la théorie juridique en dévoilant la part d’ombre du châtiment et notamment la signification de cet étrange désir de punir qui anime les sociétés contemporaines.
Didier Fassin est titulaire de la chaire de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study et de la direction d’études en anthropologie politique et morale à l’École des hautes études en sciences sociales. Médecin, sociologue et anthropologue, il est le cofondateur de l’Iris, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Université Paris 13-EHESS-CNRS-Inserm). Visiting Professor à l’Université de Princeton, il a été professeur invité dans de nombreuses universités dont celles de Hong Kong, de Johannesburg, de Buenos Aires, de Cambridge et de Bruxelles. Récipiendaire de la Médaille d’or de l’anthropologie à l’Académie royale des sciences de Suède, il a donné les Tanner Lectures à l’Université de Californie, Berkeley, et les Conférences Adorno, à l’Université Goethe de Francfort. Ancien vice-président de Médecins sans frontières, il préside aujourd’hui le Comede, Comité pour la santé des exilés. Il est membre du Conseil scientifique de la Ville de Paris et du Comité d’éthique de l’Institut Pasteur. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, traduits en six langues, dont les plus récents, publiés au Seuil, sont La Raison humanitaire. Une histoire morale du présent (2010), La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers (2011), L’Ombre du monde. Une anthropologie de la condition carcérale (2015), Punir. Une passion contemporaine (2017) et La Vie. Mode d’emploi critique (2018).