Ce projet repose sur l’idée qu’une histoire des sciences anciennes d’Afrique doit partir du principe épistémologique que la connaissance savante, dans la rationalité de ce que C. Lévi-Strauss a appelé la « pensée sauvage », est également différente du savoir populaire, de la magie, du mysticisme, de la religion ou de la cosmogonie, et qu’elle se pratique dans des lieux et milieux réservés, par des élites et réseaux d’élites distingués. C’est dans la perspective ouverte par ce regard autre sur la pensée dite sauvage que cette recherche est menée sur les traditions savantes d’Afrique, celles des archives orales et celles des manuscrits en arabe et en ajami. Il est convenu, d’une part, que, pour surmonter l’obstacle qu’est la faiblesse de la mémoire orale à livrer l’histoire, l’étude historique des sciences des archives orales d’Afrique doit cibler, en priorité, les lieux de circulation des pratiques savantes, la dynamique interculturelle des lieux de savoirs et la dynamique des rapports contemporains entre la recherche universitaire et les tradi-savoirs. Il est convenu, d’autre part, à partir de la réalité historique des traditions écrites africaines, de la nécessité d’ouvrir, à l’intérieur du champ des recherches sur les manuscrits en arabe et en ajami, un espace propre à l’histoire des sciences, espace jusqu’alors inédit.