Ewa Anna KUMELOWSKI

La dissolution violente de l'État yougoslave a conduit à la désintégration d'une sphère culturelle partagée commune à toutes les anciennes républiques, mais n'a pas totalement interrompu la coopération à travers les frontières nouvellement établies. 

Cette collaboration continue était particulièrement évidente dans la ville de Sarajevo : hôte d'une exposition yougoslave aussi tardive qu'en 1987, et des artistes tels que le groupe slovène IRWIN qui exposait régulièrement pendant le siège de quatre ans de la ville. Abandonnant les cadres géographiques traditionnels utilisés pour aborder la production artistique yougoslave au tournant du siècle, ce projet aborde la question en deux parties suivante : comment, et par qui, la scène artistique visuelle yougoslave a-t-elle été maintenue pendant la période turbulente précédant la dissolution violente de l'État yougoslave, et qu'est-il arrivé à cette scène artistique alors que le pays dans lequel elle a été formée était en train de se désintégrer ? En abordant le patrimoine culturel immatériel d'un espace politique physique qui a cessé d'exister, ce projet explore comment les compréhensions contemporaines de ces héritages locaux peuvent potentiellement s'écarter des expériences vécues réelles - et dans quels contextes elles restent reflétives des récits politiques dominants. S'appuyant sur la recherche archivistique et une méthodologie microhistorique, cette étude trace ainsi comment un petit sous-ensemble de travailleurs culturels interagissait les uns avec les autres à une époque où, du moins nominalement, ils n'étaient pas censés le faire.