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L’espace vert en tant qu’indicateur de qualité paysagère pose la question de sa durabilité face à une urbanisation croissante. Cette situation s’aggrave également à cause des impacts du changement climatique où l’eau constitue une préoccupation majeure.
Dans la phase actuelle des problématiques urbaines, les espaces verts assurent théoriquement à la ville un continuum de nature selon des normes établies. Bien qu’elles soient nécessaires, leur application inconditionnelle dans des contextes différents ne produit pas le même effet, et n’a pas la même efficacité. Aussi, et au-delà des configurations courantes pour assurer des fonctions estimées universelles par le Mouvement Moderne*, l’urbanisme écologique préconise de prendre en considération le milieu humain dans son contexte historique et environnemental. Une telle démarche induit un nouvel imaginaire urbain basé sur des pratiques et des services à identifier en relation aux finalités présumées de l’espace vert. Se définissant généralement comme étant un lieu ludique, il se singularise par ses capacités polyfonctionnelles en relation à la diversité des situations et d’aménagement. Espace de transition, il apparaît de la sorte comme un moyen d’articuler les dichotomies dedans/dehors, privé/public et par conséquent un intermédiaire dont les variations conceptuelles sont les reflets des représentations sociétales.
L’observation des cités d’habitat collectif en Algérie montre la manière dont les habitants s’impliquent pour végétaliser leur territoire. Comment l’agencement des éléments bâtis influe sur les résidents pour créer des jardins en pied d’immeuble ? L’emprunt des méthodes initiées par Chombart de Lauwe en France concernant le besoin, l’aspiration et la dynamique culturelle des habitants donne sens au contexte actuel de participation citoyenne. La mise en évidence des processus et stratégies qui suscitent la création de jardins collectifs vise à déceler les supports des motivations des apprentis jardiniers dans l’hypothèse d’aménagement urbain écologique.
Les Zones d’Habitat Urbain Nouvelles : un potentiel foncier significatif
Les Zones d’Habitat Urbain Nouvelles (ZHUN), sont avantagées par leur localisation péri-centrée qui leur attribue un potentiel favorable pour un aménagement écologique. L’existence de vastes espaces ouverts offre des possibilités d’intervention en adéquation avec les préceptes avancés : aération et ensoleillement favorables, prospects confortables, continuité visuelle. Les signes probants pour une telle éventualité se perçoivent à travers les multiples transformations effectuées par les habitants pour se doter de jardins à proximité de leur logement. Ces modifications, résultant de pratiques sociales au sein d’un territoire, renvoient à la notion d’appartenance à un milieu, signifiant avoir un rapport « familier » avec l’espace en lui « imprimant » une « marque personnelle ». Les soins octroyés aux jardins limitrophes à l’habitation est une attitude qui retient particulièrement notre attention, compte tenu des difficultés de la gestion centralisée qui compromettent leur pérennité. Porteuses de sens, ces initiatives compensatoires8 ont pour avantage de structurer des liens en rétablissant la hiérarchie manquante.
Toutefois, la participation des habitants en vue d’améliorer l’extérieur des cités d’habitat collectif se heurte à des problèmes d’aptitude et de droit d’usage foncier, qui est du domaine de l’État. D’où la nécessité d’adapter de nouveaux outils de gestion9, pour initier une autre façon de concevoir l’espace vert de proximité dans un milieu urbain partagé.