Origine et évolution de certaines caractéristiques du langage et du discours
date
adresse
Amphithéâtre Simone Weil, IEA de Nantes, 5 allée Jacques Berque, 44000 Nantes
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Conférence de Didier Demolin, Centre de recherche en linguistique LaDisco (Langues et discours) de l'université libre de Belgique
Cette conférence sera consacrée à l’étude de deux éléments de l’évolution de la parole et du langage. Le premier concerne un élément majeur du langage humain, à savoir le contrôle de la fréquence fondamentale (f0). Le deuxième est relatif à la structure des vocalisations des primates non-humains.
Bien que les primates non-humains puissent moduler la f0, il n’y a aucune preuve qu’ils le fassent indépendamment de l’intensité. Il est donc essentiel de comprendre l’origine et l’évolution de cette caractéristique dans le langage humain. En effet le contrôle de la f0 permet de moduler l’intonation qui est fondamentale dans les caractéristiques prosodique, syntaxique, sémantique et pragmatique du langage humain. La comparaison entre le langage humain et les vocalisations primates non-humaines permet des observations intéressantes. Ceci pourrait également apporter des preuves pour évaluer l’origine et l’évolution du contrôle de la fréquence fondamentale. La source de la parole chez le chimpanzé et le bonobo est assez instable et il ne semble pas y avoir de dissociation de la modulation de la fréquence fondamentale et de son intensité. Dans cette approche, il est important de souligner que la source de la parole, généralement instable et sans contrôle indépendant de la fréquence fondamentale, chez les primates non-humains a évolué vers un contrôle de la parole chez l’humain.
La deuxième partie de cette conférence tentera de répondre aux questions suivantes : est-ce que le langage humain est unique parmi les systèmes de communication des primates en ce qui concerne la grammaire et la récursivité ? Le renforcement hiérarchique et récursive des unités linguistiques nécessite à minima une grammaire context-free. Cela est plus complexe que les grammaires à états-finis considérées comme suffisantes pour préciser la structure des signaux de communication non-humains. Les animaux semblent être incapables d’apprendre et de différencier des séries de grammaire context-free de celles formées par des règles simples. Il sera démontré qu’une combinaison d’appels spontanés de muriquis sauvages (des cébidés, Brachyteles hypoxanthus), révèle une grammaire qui n’est pas seulement context-free mais également sensible au contexte. Ainsi la capacité à produire des grammaires auto-enchâssantes et recursives n’est pas uniquement humaine. Ces conclusions suggèrent que certains des processus mentaux essentiels à la base du langage humain sont partagés par les primates.