Médecine et "science de l'homme" au XVIIIe siècle: l'école de Montpellier

date

Tuesday 10 February 2015, 14h00

adresse

Collegium de Lyon, 15 parvis René-Descartes, 69007 Lyon

Médecine et "science de l'homme" au XVIIIe siècle: l'école de Montpellier
La science médicale est un vaste champ de recherche dont l’un des intérêts tient à la mitoyenneté de la discipline, à cette nature intermédiaire entre sciences naturelles et sciences humaines, entre théorie et pratique. Située entre les savoirs et les pouvoirs, la science médicale se prête ainsi remarquablement à l’étude de l’intégration historique et philosophique des Lumières dans des contextes où l’intérêt pour la pratique des sciences se mêle à l’ambition d’accomplir des desseins sociaux et politiques. Au cours des dernières décennies, des ouvrages importants ont attiré l’attention sur les théories des médecins vitalistes actifs à Montpellier puis à Paris dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle et sur le rôle joué par la « science de l’homme » dans leurs travaux. Toutefois, à cette époque, la notion de « science de l’homme » recouvre un large champ conceptuel : elle n’est pas susceptible d’être définie de manière concise et schématique et mérite d’être approfondie ultérieurement à l’aune d’une étude ponctuelle des textes de médecins-philosophes tels que La Caze, Barthez ou Bordeu.

Un certain nombre de questions doivent être préalablement posées : comment la notion et le programme d’une « science de l’homme », formulés au XVIIe siècle dans des contextes philosophiques, évoluent et sont réélaborés au XVIIIe siècle dans des contextes médicaux ? Pourquoi à l’époque des Lumières, certains médecins, notamment ceux de l’école de Montpellier, se proposent de constituer une nouvelle science de l’homme qui repose à la fois sur des connaissances médicales et sur des idées philosophiques ? En quoi consistent précisément cette science qui étudie le « physique » et le « moral » de l’homme et sa méthode préconisée par les médecins-philosophes ? Quels sont leurs objectifs dans le champ social et politique ?

Pour répondre à ces questions, il faut d’abord faire état de l’orientation théorique des médecins-philosophes de Montpellier et sonder leur vision de l’œuvre du médecin et du rapport entre le médecin et le malade. Cette investigation prend en ligne de compte les théories médicales et philosophiques contre lesquelles ils se dirigent ainsi que les courants et les traditions dont ils se réclament, et notamment leur conception vitaliste du vivant.
Dans un deuxième temps, on approfondira l’intérêt porté par les montpelliérains à la « science de l’homme » et on montrera qu’ils mettent l’accent sur la liaison que les progrès de la théorie de l’homme ont avec ceux de la médecine pratique. On étudiera aussi comment des médecins-philosophes tels que Th. de Bordeu et P.-J. Barthez travaillent des notions philosophiques traditionnelles (cause, force, nature, âme, bonheur, etc.) et le sens qu’elles revêtent pour eux.

Dans un troisième temps, il importera de mettre au jour les liens entre médecine et société et entre médecine et politique. Le nouveau discours sur l’homme, nourri de la contribution réciproque de connaissances médicales et de notions philosophiques, demande spécifiquement au médecin de jouer un rôle de plus en plus éminent dans la société de sorte que son champ d’intervention va s’étendre considérablement (réflexions sur l’emplacement des hôpitaux et projets visant leur réforme, politiques d’hygiènes, définition de la mort qui donne lieu aux premiers traités de médecine légale, etc.).

Le but final de cette recherche sera de préciser les liens entre médecine, science de l’homme et société pour voir enfin comment s’articulent dans le contexte examiné savoirs et pouvoirs.

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Philosophie
15/09/2014 - 15/07/2015