Mariage et droit sur le corps d’autrui. Origines médiévales et fragments contemporains.
date
adresse
Collegium de Lyon, 15 parvis René-Descartes, 69007 Lyon, salle R143
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À partir du XIIe siècle, dans le contexte de ce phénomène majeur dans l’histoire intellectuelle et sociale de l’Occident qui est la renaissance du droit romain et l’élaboration d’un corpus de droit canonique, l’Eglise construit une normativité obsessionnellement détaillée sur l’acte de chair. Le droit au corps du conjoint, indissolublement lié à l’aliénation du propre corps, est pensé dans ses moindres détails : naissance du droit, modes licites de réalisation, règles de prescription, tutelles aux fins de préservation, sélection de corps idoines – exclusion des impuissants – selon les stricts critères de la définition juridique des rapports sexuels suffisants. Le droit au corps du conjoint, véritable objet du consentement, est la forme juridique du mystère dont le sacrement du mariage est le signe : celui de l’Incarnation.
Il rend le coït indisponible aux sujets mariés, rien ne peut effacer l’obligation de mettre son corps à disposition de l’autre, rien ne permet d’y échapper, pas de prescription, aucun rituel, aucune procédure, ne permet aux époux de retrouver la pleine disposition de leur corps. En ce sens, aucune autre forme de soumission personnelle n’a été plus stable à travers le temps, car le Code de droit canonique de 1917 et celui de 1983 considèrent toujours la mise à disposition d’un corps apte aux gestes que la possibilité de l’engendrement transfigure comme le seul objet du consentement.