Les épreuves de l’incertain

date

Monday 30 May 2016, 10h00 - Tuesday 31 May 2016, 18h00

adresse

IEA de Nantes, 5 allée Jacques Berque, 44000 Nantes

lien internet

Les épreuves de l’incertain

Inquiétude, risque, vulnérabilité. Complexité, pluralité, diversité. Imprévisibilité, labilité, virtualité… Le vocabulaire contemporain regorge de notions qui, chacune à sa manière, rend compte d’univers, qu’ils soient politiques, scientifiques, sociaux ou professionnels, marqués par une certaine « anomie », par une certaine « dérégulation », par un certain affaiblissement des cadres normatifs, par une certaine ouverture des fins. Cette transformation majeure relève tant de changements objectifs, technologiques ou sociaux, que de modifications symboliques de notre être-au-monde. L’ouverture abyssale de la génétique et des nano-technologies, au même titre que les grands bouleversements géopolitiques et l’abandon du rêve prométhéen de maîtrise du monde nous font redécouvrir l’incertitude comme paramètre central de nos existences.

 

Les sciences humaines et sociales, même quand elles se sont éloignées d’un positivisme primaire, se sont construites sur les idées de stabilité et de prévisibilité ; elles ont recherché des régularités, à défaut de lois. Même quand elles se sont efforcées de penser le changement, elles se sont astreintes à dégager les cadres sociaux qui le rendaient possible. Les voilà bien déroutées. Il leur faut revoir leur logiciel analytique. Il leur faut revoir le noyau dur du paradigme sur lequel elles se sont développées. Il leur faut apprendre à penser ce qu’est vivre avec l’incertain, c’est-à-dire décider et agir dans des contextes faiblement normés, aux fins ouvertes, chargés de paradoxes. Décider ne peut plus simplement consister à trouver l’agencement moyens-fins le plus optimal. Agir ne peut plus simplement être suivre son intérêt (agir stratégique) ou respecter la norme (agir conforme).

 

Qu’est-ce que décider sans bases solides, dans la complexité et dans le flou ? Qu’est-ce qu’agir sans confiance pré-établie en des institutions, en l’absence de normes stables ? En quoi la précaution, la prudence, la souplesse, la réversibilité deviennent-elles des ressources facilitant (et des contraintes limitant) la décision et l’action ? En quoi l’instauration de formes diverses de délibération aide à affronter des dilemmes insolubles ? En quoi la sagesse pratique ou la réflexivité peuvent servir de principe de guidance de l’action ? La liste des interrogations n’est pas close. Au contraire même, le champ en semble bien large, le problème serait plutôt d’en circonscrire le périmètre.

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