Justice ethno-culturelle et identités ethniques en Afrique : les cas du Burundi et du Cameroun

date

Tuesday 13 December 2011, 11h15

adresse

ENS de Lyon,Site Descartes, 15 parvis René-Descartes, 69007 Lyon,Salle R143 - bât. Recherche
Justice ethno-culturelle et identités ethniques en Afrique : les cas du Burundi et du Cameroun

La théorie politico-juridique est encore marquée de nos jours par de très vives controverses sur la place qu'il convient d'accorder aux identités ethniques dans l'espace public. Certes l'option libérale qui a prévalu dans toute la théorie politique moderne est de plus en plus récusée, au profit d'options telles que l'approche « multiculturelle » qui revendique une prise en compte de la diversité ethnoculturelle dans le cadre du dispositif juridico-politique libéral. La « justice ethnoculturelle » s'inscrit dans le cadre de cette option multiculturaliste et concerne les mécanismes par lesquels les institutions publiques, dans un Etat, font droit à des revendications qui sont exprimées par des groupes ethniques, en vue de la reconnaissance de leurs spécificités et aussi de l'attribution de droits collectifs spéciaux.

 

En Afrique où la plupart des Etats ont été mis en place selon le modèle de l'Etat-nation hérité de la colonisation, c'est l'idéologie de l'unité nationale que l'on oppose généralement à toute revendication fondée sur l'appartenance ethnique. Je voudrais discuter cette opposition entre unité nationale et prise en compte des identités ethniques dans l'espace public à partir des cas du Burundi et du Cameroun. Ce qui rend ces deux cas comparables  et intéressants, c'est la place qu'occupe, dans les deux pays, le principe de l'unité nationale, l'expérience des tensions interethniques, et l'adoption de politiques qui intègrent les différenciations ethniques. Je voudrais défendre l'idée que le modèle paradigmatique de l'Etat-nation qui a prévalu pendant longtemps dans le contexte africain, de même que les rapports de force entre des groupes ethniques autour des enjeux du pouvoir, empêchent de prendre rigoureusement en charge la problématique des identités ethnoculturelles. L'intégration de la différenciation ethnique dans des politiques marquées à la fois par un héritage colonial centré sur l'Etat-nation et aussi par des vives tensions interethniques laisse apparaître un mélange confus de justice et de compromis politique autour des enjeux de pouvoir et de stabilité politique.

fellows

Philosophie
01/09/2011 - 31/01/2012