Histoire de l'habitat idéal. De l'Orient vers l'Occident
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IEA de Nantes, Amphithéâtre Simone Weil, 5 allée Jacques Berque, Nantes
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C’est l’histoire des raisons pour lesquelles la société urbaine des pays riches en est venue à idéaliser le modèle de l’habitation individuelle au plus près de la nature. De ses plus anciennes expressions mythologiques jusqu’à l’urbain diffus contemporain, cette histoire couvre plus de trois millénaires. Elle aboutit aujourd’hui à un paradoxe insoutenable : la quête de « la nature » (en termes de paysage) détruit son objet même : la nature (en termes d’écosystèmes et de biosphère). Associée à l’automobile, la maison individuelle est effectivement devenue le motif directeur d’un genre de vie dont l’empreinte écologique démesurée entraîne une surconsommation insoutenable à long terme des ressources de la nature.
La conférence, qui porte à la fois sur l’Asie orientale, où est apparue la notion de paysage - décisive en la matière -, sur l’Europe et sur l’Amérique du nord, montrera la confluence, à partir du XVIIIe siècle, des diverses filiations d’où est issu l’idéal de l’habitation hors de la ville, au sein de « la nature ».
Le cadre théorique est celui de la mésologie (l’étude des milieux humains), c’est-à-dire l’approche onto-géographique des questions environnementales. Dépassant le clivage Orient-Occident, on soulignera les analogies profondes qui, là comme ailleurs, instituent d’un même mouvement la personne et l’écoumène, relation de l’humanité à l’étendue terrestre. On montrera comment le déni moderne de ce déploiement de l’être, aliénant le sujet humain de son milieu concret, a peu à peu découplé notre monde de la base qui lui donne substance : la Terre.
Et, hors les murs où le paradigme moderne a enfermé l’être, on proposera une piste pour recouvrer cette indispensable assise.
Géographe et orientaliste, Augustin Berque est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la relation des sociétés humaines à leur environnement, au Japon en particulier, parmi lesquels Le sauvage et l’artifice. Les Japonais devant la nature (Gallimard, 1986), Ecoumène. Introduction à l’étude des milieux humains (Belin, 2000), Le sens de l’espace au Japon. Vivre, penser, bâtir (Arguments, 2006), La pensée paysagère (Archibooks, 2008), Milieu et identité humaine. Notes pour un dépassement de la modernité (Donner lieu, 2010). Il a été en 2009 le premier occidental à recevoir le Grand Prix de Fukuoka pour les cultures d’Asie.