CYCLE - Gouvernance et transformations structurelles en Méditerranée
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CYCLE DE CONFERENCES organisé en partenariat avec l'IMéRA, AMSE et la Villa Méditerranée, en collaboration avec la Commission Économique pour l'Afrique des Nations-unies.
Lieu : Villa Méditerranée - Espl. J4, 13002 Marseille - ENTREE LIBRE
Mohamed Tozy - Professeur de sciences politiques à l'Université de Casablanca, Professeur à l’IEP d’Aix en Provence et Chercheur au Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, MMSH-Aix-en-Provence)
Mohamed Tozy est directeur de l’Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat. Né en 1956 à Casablanca, il a fait des études de sciences politiques à Casablanca et un doctorat à l'Université d'Aix-Marseille. Dans une démarche qui associe sociologie et anthropologie historique, Mohamed Tozy travaille sur des questions aussi diverses que les mouvements islamistes et les pratiques quotidiennes du religieux, les relations de pouvoir et l’Etat, le développement rural et le changement social.
- "L'invention d'un citoyen euro méditerranéen: retour sur trois campagnes d'enquêtes de 2013 à 2017".
Résumé : Mohamed Tozy se propose d’analyser les résultats de trois campagnes d’enquête réalisées entre 2013 et 2017 par la fondation euroméditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures. Au–delà de la construction d’un champ de comparaison Euro-Mediterranéen qui associe ces deux pôles - dont le MUCEM est l'incarnation matérielle - Mohamed Tozy insistera sur le caractère innovant de ce projet scientifique qui a pris le risque de penser Euro-Med en se donnant les moyens d’investiguer un espace promu au rang d’objet de science sociale. Le fait de décider de questionner plus de 40 000 citoyens appartenant à plus de 30 pays et de postuler une représentativité d’une population Euro-Mediterranéenne participe de l’invention d’une citoyenneté nouvelle comme l’Europe n’a cessé de le faire depuis 60 ans.
Il s’agit autant d’un acte de foi que d’un acte scientifique. Mohamed Tozy démontrera « qu’on est en présence d’un pari sur l’avenir, d’une quête d’assurance sur un projet qui peine à démarrer et qui est confronté à de multiples obstacles : la mauvaises volonté des uns des autres, le repli nationaliste, l’irruption de nouveaux conflits entraînant un climat d’instabilité politique (Syrie, Libye, Ukraine…). »
Dans le cadre du cycle Gouvernance et transformations structurelles en Méditerranée associant Aix-Marseille School of Economics (AMSE), l’IMERA, la Villa Méditerranée, en collaboration avec Commission Economique pour l'Afrique des Nations Unies, Bureau pour l'Afrique du Nord.
Après plus de quatre décennies d’apparente stabilité, les régimes arabes, que ce soit au nord de l’Afrique ou dans la péninsule arabique, ont été fortement secoués par une vague sans précédent de protestations populaires, une déferlante née au creux de l’ouest tunisien déshérité en janvier 2011 et qui a, en cascade, pour le moins remis en question les équilibres politico-économiques en place de Rabat à Manama. Cinq ans plus tard, la transition politique vers des démocraties stables que beaucoup d’observateurs entrevoyaient avec un optimisme béat s’enlise. Dans les pays où les dictatures en place ont été abattues (Tunisie, Egypte ou Libye), une mouvance d’obédience islamique, parfois même islamiste sectaire (Daesh en Libye par exemple), s’est installée si ce n’est au pouvoir, du moins comme force politique influente, jetant de ce fait ces pays dans une période d’incertitude ponctuée par des coups d’Etat comme en Egypte avec la retour de la junte militaire aux manettes et des Frères Musulmans en prison, une alternance et l’émergence d’une configuration de l’islam politique d’apparence inédite en Tunisie et un chaos politico-militaire persistant en Libye sur fond de violence sectaire et tribale. Les régimes toujours en place (Algérie, Maroc ou Syrie par exemple) sont soumis à de fortes turbulences socio-politico-économiques, quand ce n’est pas à la guerre civile internationalisée dans le cas de la Syrie, qui les place dans une situation de vulnérabilité extrême. On est très loin de la transition accomplie et de la convergence à des équilibres politico-économiques stables !
Dans ce contexte d’incertitude qui ouvre tellement de pistes de réflexion intéressantes, voir fascinantes, l’IMéRA et AMSE proposent une série de conférences en collaboration avec la Villa Méditerranée. L’analyse économique standard résumant la dynamique institutionnelle à un jeu dynamique entre une élite maniant tour à tour le bâton et la carotte, et une population jaugeant l’opportunité ou non de se révolter à travers une action collective forcément coûteuse, ne peut capturer la finesse et les multiples dimensions des événements en cours au Sud de la Méditerranée. Ce cycle de conférences sur Gouvernance, Transition Politique et Transformations Structurelles en Afrique du Nord, a pour ambition principale de proposer des cadres de réflexion qui collent au plus près aux réalités socio-économiques, politiques et culturelles des pays de la rive Sud de la Méditerranée, en mobilisant à la fois les approches de la science économique, de la science politique et de la sociologie politique.