Rachid Alillouch

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Ville durable en Méditerranée. Injonctions à la durabilité, circulation des modèles et greenwashing.
Le projet de recherche, Ville durable en Méditerranée. Injonctions à la durabilité, circulation des modèles et greenwashing, s’inscrit dans le prolongement des travaux menés dans le cadre d’une thèse de doctorat en Architecture, soutenue par Rachid Alillouch au sein du Centre des Etudes Doctorales en Architecture et Disciplines Associées relevant de l’Ecole Nationale d’architecture de Rabat en 2021. Il vise à comprendre comment se sont développés et multipliés ces dernières années au Maroc et sur les deux rives de la Méditerranée plusieurs projets urbains, que les porteurs qualifient de durables ou/et qui intègrent des principes de développement durable dans leur conception. Ces projets semblent s’inscrire dans une tendance qui a marqué « d’autres pays de la rive sud de la Méditerranée où plusieurs projets affichés comme des « écoquartiers » ou « quartiers durables » » ont vu le jour. (Barthel P.-A. , 2011, p. 99).
Intégration du développement durable et de la durabilité dans les projets urbains
Cette intégration des principes du développement durable et de la durabilité dans le processus de conception de ces projets urbains, au-delà de leurs utilisations tout à la fois comme élément [s] de « greenwashing » (Dahl, 2010, p. 247) ou d’« éco blanchiment » (Adam, 2016, p. 199), comme « outil de marketing territorial » (Emelianoff, 2004, p. 17), et comme « stratégie de compétitivité urbaine » (Béal, Charvolin, & Morel Journel, 2011, p. 95), paraît obéir à une sorte d’« injonction à la durabilité » (Monin, Descat , & Siret, 2002, p. 1 et Hamman, 2011, p. 25). Laquelle injonction allait d’ailleurs devenir un mot d’ordre dans l’urbanisme contemporain, et particulièrement au niveau des expériences qui reprennent dans le cadre de la « circulation de savoirs, d’expertises, d’expériences, d’instruments, de pratiques et de modèles » (Béal, Epstein, & Pinson, 2015, p. 104), les « best practice » ou « bonnes pratiques » (Navez-Bouchanine, 2007, p. 101), lesquels « fonctionnent comme des accélérateurs de la diffusion et de la circulation des politiques urbaines considérées comme innovantes ou exemplaires. » (Béal, Epstein, & Pinson, 2015, p. 104).
Objectifs du projet de recherche
L’objectif principal de cette recherche est d’analyser comment s’est traduite l’ambition affichée d’intégrer la durabilité et les principes de développement durable, au niveau de la conception et de la mise en œuvre de certains de ces projets urbains. Et ce en essayant de comprendre leurs contextes de genèse et de développement, leurs processus de conception et leurs modes de mise en œuvre et en mettant l’accent sur la place accordée aux enjeux liés au développement durable et à la durabilité et leurs interprétations par les différents acteurs impliqués par ces projets.
L’élargissement du champ de recherche à la Méditerranée est motivé d’abord par le fait que l’espace méditerranéen constitue un « espace de circulation des idées et des pratiques, […] d’échanges d’expériences, notamment entre métropoles. » (Barthel & Verdeil, 2013, p. 2), ensuite par le souhait de comprendre comment, dans le cadre de la circulation des modèles, ces projets urbains durables traversent-ils ses rives, du nord au sud, et d’évaluer l’implication de la maîtrise d’œuvre internationale, dans le financement, la conception et l’exécution des projets d’urbanisme dits durables, en application de directives et d’injonctions édictées par les bailleurs de fonds et conditionnant le financement de ces projets.
L’ouverture sur les autres disciplines est un élément méthodologique déterminant dans la conduite de ce travail de recherche, et ce, compte tenu des spécificités du projet urbain comme échelle d’articulation entre les deux disciplines : l’urbanisme et l’architecture en tant que champ de manifestation du caractère pluridisciplinaire dont se réclame l’urbanisme. Ceci nous conduit à emprunter des méthodes et des références développées au niveau des disciplines relevant des sciences humaines et sociales et à faire appel à des références pluridisciplinaires, et ce, dans la continuité de la pensée de l’architecture urbaine comme champ disciplinaire visant à mobiliser les sciences humaines, notamment, l’histoire, la géographie, l’anthropologie, la sociologie et l’économie, pour comprendre le contexte du projet.
Par cette démarche, nous avons voulu adopter la position défendue par l’architecte-urbaniste et sociologue, Daniel Pinson, de ne pas dissocier l’urbanisme de l’architecture. Selon cette position, l’urbanisme qui constitue « un nouveau domaine dérivé de l’architecture », (Pinson, 2004, p. 50) est « une discipline récente qu’on peut concevoir comme une architecture à grande échelle. » (Pinson D., 2007, p. 301). Position, qui permet une plus grande ouverture de l’architecture et de l’urbanisme sur les autres disciplines, notamment à travers le projet urbain en tant que « nouvel instrument de politique urbaine » (Pinson G., 2009, p. 35) et qui constitue le lieu de croisement entre ces deux disciplines et aussi le champ de manifestation du « caractère pluridisciplinaire dont se réclame l’urbanisme » (Pinson D., 2004, p. 49).
En abordant la question de la durabilité urbaine, nous adoptons une approche critique de ce concept, qui traduirait pour certains chercheurs, dont nous partageons la posture, « une simple forme néolibérale » de fabriquer la ville (Adam, 2016, p. 201), dans un contexte de compétitivité territoriale et de mondialisation et qui constituerait un « leurre méthodologique » (Navez-Bouchanine, 2007), ou un artifice, « simple et rassurant, mais ne renouvelant que faiblement les cadres de l’action : il ne serait en ce sens guère plus que l’appellation contemporaine de la production capitaliste de la ville, renouvelant davantage celle-ci dans les discours autour de l’action que dans l’action elle-même. » (Mathieu & Guermond, 2005).
biographie
Rachid Alillouch, est architecte, docteur en architecture et architecte du patrimoine. Il a passé une partie de sa carrière professionnelle, entre 1997 et 2015, comme responsable au sein d’Agences d’Urbanisme et d’Aménagement au Maroc, avant de rejoindre le milieu académique en 2015, en intégrant l’École Nationale d’Architecture de Rabat, pour poursuivre ses études de doctorat et participer à la gouvernance de l’école, en tant que responsable de la Direction des Affaires pédagogiques et Directeur de la Formation Continue.
Depuis avril 2023, il est Maître de conférences à l’École Nationale d’Architecture de Fès, enseignant vacataire à l’ENA de Rabat et membre de plusieurs équipes interdisciplinaires de recherche, de groupes d’experts et de jurys de concours d’architecture et d’urbanisme. Il a enseigné également à l’Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme de Rabat et à la School of Architecture, Planning and Design, relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir. Rachid Alillouch a publié plusieurs articles et contributions scientifiques portant sur son domaine de recherche axé sur les projets urbains durables, dont un ouvrage paru en octobre 2023.