Anne Demeester

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TrEMa – Transformation des Études de Maïeutique
Contexte
Depuis la rentrée universitaire 2024-2025, les établissements de formation de sages-femmes ont pour mission de mettre en œuvre un nouveau programme d’études basé sur un récent référentiel national. Ce cadre est structuré en six domaines de compétences, un tronc commun fondamental, un parcours personnalisé de l’étudiant et la soutenance d’une thèse professionnelle. Cette réforme introduit des changements importants par rapport à la précédente, qui conférait un diplôme de master : allongement de la durée des études avec l’ajout d’un troisième cycle court, cadre structurant basé sur les compétences et attribution du titre de docteur en maïeutique. L’Association nationale des étudiants sages-femmes a demandé cette prolongation afin d’alléger la charge de travail au cours de la formation initiale, liée à l’augmentation du rythme nécessaire en raison de l’élargissement des compétences accordées aux sages-femmes ces dernières années, telles que les soins gynécologiques de prévention et la contraception, l’interruption volontaire de grossesse par voie médicamenteuse, la vaccination de l’entourage, le dépistage et le traitement des infections sexuellement transmissibles.
Objectifs et questions de recherche
L’objectif du projet TrEMa est de documenter par la recherche le processus de transformation curriculaire dans le cadre de la refonte du programme d’études en pratique sage-femme. Nous avons choisi de parler des sages-femmes au féminin, qu’elles soient cliniciennes, étudiantes ou enseignantes, car au 1er janvier 2023, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, 97,2% des 24 354 sages-femmes en France sont des femmes. Le projet s’articule autour des questions suivantes : Comment les équipes pédagogiques se sont-elles appropriées le nouveau cadre de formation ? Quelles sont les perceptions des sages-femmes, enseignantes, étudiantes et cliniciennes sur la réforme ? Comment les sages-femmes enseignantes l’ont-elles mise en œuvre ? Quels sont les freins et les leviers identifiés ? Les sages-femmes enseignantes ont-elles perçu le besoin de développement professionnel ? Quels changements transformateurs ont été apportés au système de formation ? Quelles sont les pistes d’amélioration proposées ? Un nouveau cadre de formation a été développé, mais sans cadre d’évaluation pour l’instant. Nous nous demandons donc comment les compétences visées sont évaluées. Naturellement, ce programme de recherche évoluera dans sept ans (premiers diplômés en 2029) vers une deuxième vague de travaux axés sur la mesure de l’impact du nouveau programme d’études en termes d’alignement entre la formation et la pratique professionnelle, de rôle des sages-femmes dans le système de santé, de collaboration interprofessionnelle et d’évolution identitaire des sages-femmes et des enseignantes sages-femmes.
Approche interdisciplinaire
Ce projet de recherche est interdisciplinaire, croisant les domaines de la Santé et des Sciences Humaines et Sociales, principalement dans le domaine de l’éducation et de la formation. Selon Chantry et Demeester (2022), la recherche en éducation concerne également le champ de la maïeutique, mais elle reste à ce jour peu développée, ce qui rend ce projet d’autant plus pertinent. Il intéressera la communauté des enseignants et des professionnels de la profession de sage-femme, et plus largement celle des enseignants, des formateurs et des professionnels médicaux et paramédicaux. Le projet s’inscrit dans la politique de transformation pédagogique des programmes d’enseignement supérieur, qui sont encouragés depuis plusieurs années à adopter une approche programme (AP) et une approche par compétences (APC). Bien que plusieurs programmes diplômants disposent de cadres nationaux, cela ne garantit pas une transformation complète du programme d’études, qui se limite souvent à faire correspondre des unités de cours à des compétences ciblées (Daele et Berthiaume, 2014), ni une évaluation des compétences (Demeester, 2020). Les rapports des experts du HCERES révèlent que la majorité des programmes affichent un cadre de compétences sans assurer l’alignement pédagogique recommandé par Biggs (1996), et que les institutions peinent à impliquer les équipes. Produire de nouvelles connaissances sur la transformation pédagogique d’un programme d’études de niveau 7 présente un intérêt significatif pour la communauté académique. Au-delà d’une dimension utilitaire, cette recherche vise à développer la discipline et à établir son caractère scientifique.
Nous proposons de former un consortium de chercheurs en éducation pour développer une recherche interdisciplinaire sur la transformation curriculaire des études de sage-femme. Le projet est copiloté par le Laboratoire d’apprentissage, de didactique, d’évaluation et de formation, ADEF (UR 4671) d’Aix Marseille Université (amU) et le Centre interdisciplinaire de Recherche Normand en Education et Formation, CIRNEF (UR 7454) de l’Université de Normandie. Ces laboratoires développent des expertises complémentaires en lien direct avec notre projet. Nos travaux bénéficieront de regards croisés d’experts, d’un large réseau de chercheurs et de potentielles collaborations interdisciplinaires (Mercier-Brunel, 2019, 2022 ; Poplimont, 2000, 2011 ; Wittorski, 2016, 2022).
biographie
Anne Demeester a commencé sa carrière médicale en 1984 en tant que sage-femme. Elle est titulaire d’un doctorat en sciences médicales et d’un doctorat en éducation. Après 11 ans de pratique clinique, elle devient formatrice puis première doyenne d’un département universitaire autonome en sage-femme. Depuis 2017, elle est maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’INSPÉ d’Aix Marseille Université, affiliée à l’unité de recherche ADEF (Apprentissage, Didactique, Évaluation, Formation). Ses recherches portent sur le développement des compétences en santé (notamment le raisonnement clinique), en éducation (approches par compétences), et plus récemment en éducation à la santé (compétences psychosociales). Activement impliquée dans la réforme de l’enseignement supérieur, elle a soutenu plusieurs institutions, dont Aix Marseille Université. Présidente de la SIFEM, elle contribue également à la revue Pédagogie Médicale. Son parcours, au carrefour de l’éducation et de la santé, favorise une approche interdisciplinaire de la formation des professionnels de la santé et de l’éducation.