Marcelo Borges

Marcelo Borges
pas labex
pas Eurias
pas FIAS

dates de séjour

01/09/2025 - 31/01/2026

discipline

Histoire sociale et économique

Fonction actuelle

Professeur d'histoire

Institution actuelle

Dickinson College (Pennsylvanie, Etats-Unis)

pays d'origine

États-Unis

projet de recherche

Migrations et émotions dans un monde globalisé, 1870-2015

Ce projet associe la perspective de l’histoire des migrations et celle de l’histoire des émotions pour découvrir les dynamiques émotionnelles qui ont contribué à façonner les expériences des migrants et de leurs familles et la manière dont les migrants ont été perçus par diverses sociétés au fil du temps. L’analyse adopte une perspective globale et une approche multiscalaire qui incorpore une variété d’exemples provenant de différents espaces socioculturels et géographiques. Il s’agit d’une étude historique qui dialogue avec des questions d’actualité pressantes, car la migration est au cœur de l’agenda mondial actuel et concerne un nombre croissant de personnes et de sociétés dans le monde.

Argument

L’argument général est que les émotions ont joué un rôle crucial dans l’expérience de vie des migrants et dans les dynamiques culturelles, sociales et politiques générées par la mobilité des personnes. L’auteur affirme en outre que les considérations émotionnelles font partie intégrante des dimensions économiques, sociales, culturelles et politiques de la migration et que la mise en lumière de ces considérations contribue à expliquer plus complètement l’expérience migratoire. L’analyse met en lumière la manière dont les émotions associées à la migration ont été construites, négociées et déployées par différents acteurs au fil du temps et comment les pratiques émotionnelles ont varié en fonction de facteurs tels que le sexe, l’âge et la race dans différents contextes socioculturels et politiques.

Approche

L’accent mis sur les trajectoires des migrants et leur signification au niveau individuel, familial et communautaire permet de mieux comprendre la dimension subjective de l’expérience migratoire et le rôle que jouent les émotions dans la négociation de la vie transnationale. Elle met également en lumière les contextes sociaux et politiques changeants dans lesquels les émotions sont ressenties, affichées, gérées et re-signifiées. Pour sa part, l’analyse des perceptions du migrant et des politiques migratoires élargit l’échelle pour révéler comment les émotions ont été mobilisées dans les sociétés d’origine et de destination au fil du temps. Les élites politiques et intellectuelles ont utilisé le langage de l’émotion pour faire valoir les implications sociales, économiques, démographiques et morales de la migration, pour renforcer l’unité nationale par des sentiments tels que la loyauté et le patriotisme, et pour sélectionner et contrôler les immigrés par le biais de la législation et des pratiques administratives. Cette mobilisation a joué un rôle clé dans les efforts déployés pour obtenir le soutien des campagnes anti-immigration alimentées par la désignation de boucs émissaires et la xénophobie, mais aussi par des sentiments plus positifs tels que la sympathie et la compassion, pour accueillir des migrants sélectionnés en fonction de leur origine, de leurs caractéristiques démographiques, de leur race et de leurs affinités culturelles ou idéologiques.

Les migrations transnationales constituent un champ empirique privilégié pour l’étude des émotions et de leur rôle dans les changements historiques. Les processus migratoires s’inscrivent dans un contexte culturel changeant, dans lequel les émotions sont ressenties, affichées et gérées. L’importance de l’expérience émotionnelle des migrants réside donc dans l’interaction (et les tensions) entre les différents contextes culturels et sociaux mis en contact par la migration. En se concentrant sur des personnes en mouvement et liées à de multiples lieux, l’optique combinée de l’histoire des migrations et de l’histoire des émotions révèle comment les migrants naviguent dans différents paysages émotionnels en tant qu’individus et membres de groupes sociaux particuliers. En outre, en considérant les effets sur les sociétés transformées par cette mobilité, cette approche met en lumière la manière dont les sociétés ont géré les défis posés par les migrants aux hiérarchies de pouvoir établies, aux idées d’identité nationale et aux traditions culturelles, ainsi que la manière dont les migrants ont fait face aux réactions nationales dans les lieux d’immigration.

Cette étude se penche sur un large répertoire d’études historiques, sociales et culturelles afin d’identifier les expressions émotionnelles associées à des moments importants du processus de migration qui ont fait l’objet d’une attention particulière de la part des chercheurs. Lors de l’analyse de l’expérience migratoire, la discussion est également illustrée par des sources telles que la littérature, les récits à la première personne, les médias et la culture populaire. C’est le cas, par exemple, dans la discussion des émotions associées à l’identité et à la construction de soi, au transit et aux voyages des migrants, et aux discussions politiques sur la migration. Il en résulte une riche exploration de l’intersection des émotions et de la mobilité vue sous des angles et des perspectives multiples, ancrée dans une base scientifique variée, fondée sur les sciences humaines et en dialogue avec les disciplines des sciences sociales.

Le cadre temporel de cette étude s’étend approximativement de 1870 à 2015. Au cours de ce siècle et demi, les migrations de longue distance ont pris une ampleur mondiale ; les sociétés ont été transformées par une population de migrants de plus en plus diversifiée ; les États ont développé des moyens de les contrôler en fonction de l’évolution des impératifs économiques, idéologiques et politiques ; et les personnes en déplacement ont imaginé des moyens créatifs pour faire face à ces changements, un processus qui a impliqué un travail matériel et émotionnel.

biographie

Marcelo Borges est professeur d’histoire et titulaire de la chaire Boyd Lee Spahr d’histoire des Amériques au Dickinson College (États-Unis), où il enseigne l’histoire de l’Amérique latine et l’histoire des migrations. Il est titulaire d’un diplôme de premier cycle de l’université nationale de La Plata (Argentine) et d’un doctorat en histoire de l’université Rutgers (États-Unis).

Ses recherches actuelles portent sur l’histoire des migrations, l’histoire des émotions et les pratiques épistolaires dans le contexte des migrations. Il a notamment publié Chains of Gold: Portuguese Migration to Argentina in Transatlantic Perspective (2009) ; Migrant Letters : Emotional Language, Mobile Identities, and Writing Practices in Historical Perspective (avec Sonia Cancian, 2018) ; Emotional Landscapes : Love, Gender, and Migration (avec Sonia Cancian et Linda Reeder, 2021) ; et The Cambridge History of Global Migrations, Vol. II, Migrations : 1800-Present (avec Madeline Y. Hsu ; Donna Gabaccia, éditeur général, 2023). Il est co-éditeur de la série de livres Studies of World Migrations, University of Illinois Press (avec Madeline Y. Hsu). Il a été chercheur invité à l’Institut des sciences sociales de l’université de Lisbonne et chercheur associé au Netherlands Institute for Advanced Study in the Humanities and Social Sciences (NIAS) et à l’Institut d’études avancées de Nantes.